Un conseil de défense consacré à l'intervention française en Syrie

« La France frappera en Syrie chaque fois qu'elle aura des informations sur des personnes susceptibles de menacer notre pays », a déclaré François Hollande en début de semaine. Le président français a par ailleurs estimé que les conditions pour des élections en Syrie n'étaient pas réunies et que Bachar el-Assad ne devrait pas pouvoir se présenter. Dans ce contexte, un conseil de défense est consacré ce jeudi 5 novembre à la question syrienne.

Paris doit envoyer le porte-avions Charles de Gaulle au Moyen-Orient, alors que les frappes aériennes sur la Syrie menées depuis la Jordanie et les Emirats Arabes Unis ont débuté le 27 septembre dernier. A ce jour, seulement deux frappes françaises ont été conduites, l'une contre un camp d'entraînement de l'organisation de l'Etat islamique (EI) près de Deir Ezzor, dans le nord-est de la Syrie, et l'autre contre un centre d'entraînement dédié aux opérations suicides, près de Raqqa, ville par où ont transité de nombreux jihadistes français. Selon le procureur de Paris, qui s'exprimait en début de semaine lors d'un colloque du ministère de la Défense intitulé « Droit et opérations extérieures » (OPEX), ces jihadistes sont en même temps des justiciables et des cibles militaires.

En Syrie comme au Sahel « l'objectif n'est pas de faire subir des pertes toujours plus lourdes à l'ennemi, mais bien d'affaiblir ses réseaux de formation, de commandement, de financement, de propagande », souligne le général Didier Castres, sous-chef opérations de l'Etat-major des armées à Paris. De toute façon, « il est inutile d'espérer une capitulation en bonne et due forme » de la part des groupes armés comme l'organisation Etat Islamique. « La force armée ne fera pas tout. A long terme, sans stratégie globale, politique et économique, notre intervention sera un échec », ajoute le général Pierre Devilliers, chef d'Etat-major des armées.

D'autant plus que la guerre à laquelle est confrontée la France se joue en Syrie mais aussi sur le sol français. « Au moins 140 Français jihadistes ont été tués en combattant en Syrie », rappelle le procureur de la République François Molins. Mais prés de « 1800 individus sont suivis par les services intérieurs français (DGSI) ». Et ce chiffre augmente, 625 personnes font déjà l'objet d'une enquête ouverte par le parquet antiterroriste. Parmi elles, 230 ont été mises en examen alors que les autres sont toujours recherchées et son visées par des mandats d'arrêts ou de recherche.

En Syrie, ils appartiennent à des groupes armés. Ce sont donc des cibles militaires. En France, ils sont recherchés pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. « Juridiquement, je ne vois pas de contradiction », conclut le procureur.

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