De notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
L’armée turque a annoncé, sans publier de bilan, avoir bombardé des positions de la rébellion du PKK en Irak du nord, comme c’est le cas quasi quotidiennement depuis 3 mois. D’ailleurs ce mardi 3 novembre, confirmant cette volonté d’éradication, le vice-Premier ministre Yalçin Akdogan estimait que le chef de la rébellion Abdullah Öcalan avait été « enterré dans les urnes ». Comme cela était à prévoir après que cette politique répressive a été approuvée par le résultat du scrutin (« Les électeurs ont choisi la stabilité et la sécurité », a commenté le vice-Président de l’AKP Ömer Çelik), la reprise en main se poursuit, et risque même de s’amplifier encore.
Dans le sud-est du pays, qui vit quasiment sous état d’urgence depuis plusieurs mois, policiers et militaires ont arrêté une dizaine de civils, des cadres du parti pro-kurde DBP pour la plupart. A Yüksekova, près des frontières avec l’Irak et l’Iran, des incidents armés ont également éclaté et au moins deux civils ont été tués. Deux militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sont morts dans la province d'Hakkari, près de la frontière irakienne, alors qu'un autre militant proche du PKK a été tué à Silvan, selon le gouverneur de la province de Diyarbakir.
Mais cette reprise en main ne se limite pas aux Kurdes : dès hier, ce sont le rédacteur en chef et le directeur de publication de la revue hebdomadaire Nokta qui ont été placés en garde à vue, alors que les exemplaires du magazine, qui évoquait un risque de guerre civile après les élections, ont été tous saisis avant sa distribution. Et ce matin, c’est la mouvance proche de la confrérie Fethullah Gülen qui a été visée par une série de rafles, menées par la police et l’armée dans près d’une vingtaine de provinces; 44 responsables de la police et de bureaucrates, selon un dernier bilan, ont été arrêtés pour un supposé complot contre l’armée.