Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Dès après la victoire, le grand projet du président Erdogan était annoncé comme la toute première des priorités de la nouvelle Turquie qui se met en place : « une nouvelle Constitution locale et nationale », a dit le Premier ministre – comprendre tout sauf universelle – et le fameux système présidentiel, a ajouté le conseiller du président Recep Tayyip Erdogan, Yigit Bulut. S'il manque une poignée de députés pour réunir le quorum nécessaire pour convoquer un référendum sur le sujet, il ne sera pas difficile de les débaucher du parti nationaliste, laminé par ce scrutin.
La promesse de campagne de relancer les négociations de paix avec la mouvance kurde a rapidement connu un démenti : « Cela ne sera possible qu'après le rétablissement de la sécurité », a prévenu Ahmet Davutoglu.
Ressouder la société turque
Parmi les urgences, le nouveau gouvernement AKP doit rapidement voter un collectif budgétaire permettant de tenir ses généreuses promesses électorales, dont le coût s'élève à quelque 7 milliards d'euros.
Pour le reste, c'est l'ancien président Gül et la confédération des patrons qui appellent à réparer et ressouder une société turque extrêmement divisée et polarisée, et à rassurer la moitié de la population qui ne se retrouve pas dans le projet de l'AKP, craignant pour ses propres libertés. Aucun message rassurant ne leur a encore été envoyé jusque-là par les dirigeants de la nouvelle Turquie.