C’est un véritable parcours du combattant pour les 366 candidates saoudiennes inscrites à ces élections. Cette semaine, la commission électorale, qui dépend du ministère des Affaires municipales et rurales, les a averties qu’elles n'avaient pas le droit de s'adresser directement aux électeurs hommes. Par ailleurs, elles doivent impérativement désigner un représentant masculin pour faire campagne en leur nom. Il faut savoir que le non-respect de cette loi est passible d'une amende de 10 000 riyals saoudiens (2 500 euros).
S'adresser aux hommes
Les candidates doivent s’adresser au ministère des Affaires municipales et rurales pour se procurer un permis spécial, pour avoir le droit de faire campagne et de désigner des représentants de sexe masculin pour s’exprimer à leur place devant un public de mâles. Autrement dit, elles n’ont pas le droit de s’adresser directement à des hommes, parce qu’il ne faut pas oublier qu’au nom de la charia, dans cette société conservatrice, les femmes n’ont culturellement pas le droit de s’adresser aux hommes.
Dans la réalité, dans certains milieux professionnels, dans certaines compagnies internationales, les femmes parlent bien sûr à leurs collègues masculins. Mais elles occupent des bureaux spécialement aménagés pour elles.
Loi de la non-mixité
C’est l’une des nombreuses contraintes auxquelles elles doivent faire face. Leur QG de campagne doit être équipé de deux zones, l'une pour les femmes, l'autre pour les hommes. Elles n'ont pas le droit de se mélanger avec les autres candidats. Elles doivent scrupuleusement respecter la loi de la non-mixité. Mais les contraintes ne s’arrêtent pas là, contrairement aux candidats masculins elles n'ont pas le droit d'utiliser de photo d'elles durant la campagne électorale.
Malgré ces contraintes, le symbole est fort. Ces femmes, qui peuvent se présenter à ces élections, même si elles ne sont que 366 candidates, ont pu obtenir l’autorisation de leur père, de leur mari ou de leur frère, autrement dit de leur tuteur. C’est important ! C’est une petite avancée qui s’inscrit dans cette marche silencieuse et lente, amorcée ces cinq dernières années par ces femmes progressistes, courageuses mais prudentes.