En envoyant ses avions de combat en Syrie, Moscou entend plaider pour l'élargissement de la coalition contre l' organisation Etat islamique, mais la Russie se donne aussi les moyens de protéger le régime de Damas, et ses structures héritées du Baas. Moscou est un allié fidèle de Damas, le partenariat stratégique qui lie les deux pays est vieux de plus d'un demi-siècle ! Si les livraisons d'armes russes n'ont jamais cessé depuis 2011 et le début de la révolte syrienne, cette fois-ci Moscou a déployé ses soldats et son aviation et ne s'en cache plus. Les photos satellites de l'alignement des Sukhoï sur la base de Lattaquié ne laisse guère de doute ; le déploiement de 28 avions de combat ne passe pas inaperçu. Les Russes savaient très bien que les Occidentaux recevraient le message.
L'armée syrienne à bout de souffle
Damas assure pour sa part avoir reçu des avions de combat de la part de Moscou (les deux armées opèrent notamment des Sukhoi-24 Fencer quasi-identiques). Un haut responsable à Damas affirme que « l'effet des armes russes commence à se faire sentir », évoquant des opérations autour de Deir Ezzor et Raqqa. Mais il ne fait aucun doute que ce sont les pilotes russes qui prennent part - ou prendront part - aux frappes. En effet, la majeure partie du matériel déployé est inconnue des Syriens. Il s'agit d'avions qu'ils n'ont jamais utilisés (Sukhoi 30MS Flanker et Sukhoi 25 Frogfoot). Les Russes ne peuvent pas former localement des pilotes en quelques jours. Et surtout, l'armée de l'air syrienne est à bout de souffle et manque de tout, y compris de pilotes et des techniciens. Beaucoup avaient d'ailleurs déserté dès le début de la révolte. Enfin, l'opposition armée syrienne a fait subir une importante pression à l'armée de l'air syrienne en assiégeant certaines de ses bases.
Appuyer Damas contre le groupe EI
Alors, une intervention aérienne russe peut-elle changer la donne ? Certainement pas, disent les experts, mais Moscou sera en mesure d' appuyer directement les troupes syriennes engagées aux combat (CAS), ce que ne fait pas la coalition occidentale. L'aviation russe pourrait donc contrer les offensives rebelles vers les grandes villes, comme Damas ou Lattaquié, fief de la famille Assad, bombarder quelques postes de commandement, mais ne pourra à elle seule reconquérir les zones perdues. Pour cela, il faudra déployer des dizaines de milliers d'hommes au sol, encercler les zones conquises par l'opposition armée, vider les bastions jihadistes rue par rue, et occuper les zones récupérées.