Dia al-Talameh, un Palestinien de 21 ans est mort dans la nuit de lundi 21 à mardi 22 septembre à Doura, près de Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée. Selon une porte-parole de l'armée israélienne, le Palestinien a été tué par la déflagration de l'engin explosif qu'il était sur le point de lancer vers un véhicule militaire. Cette version des faits a été confirmée sur place par des habitants de Doura, a confié un photographe de l’AFP. Mais celle des services de sécurité palestiniens diverge, selon l’AFP. Le jeune homme aurait été atteint par des tirs de soldats israéliens.
« Les soldats ont entendu une explosion et lors de recherches dans le secteur, ils ont retrouvé le corps d'un Palestinien tué par l'engin explosif qu'il voulait lancer vers un de nos véhicules », a déclaré les forces de l’ordre israéliennes sans préciser toutefois si ce Palestinien avait été touché au préalable par balle.
Dans la même matinée du mardi 22 septembre, Hadeel Al-Hashlamon, présentée par les médias comme une étudiante de 18 ans, a, par ailleurs été blessée par des tirs israéliens près d'un checkpoint proche du centre ville d’Hébron, selon des témoins. La femme a tenté de poignarder un soldat. L'armée a donc ouvert le feu et l'a touchée, ont indiqué les forces de sécurité israéliennes. Elle a succombé à ses blessures dans l’après-midi à l’hôpital de Jérusalem, a annoncé son père.
Jérusalem sous surveillance pendant les fêtes juive et musulmane
Ces faits interviennent dans un contexte de vives tensions entre Palestiniens et Israéliens, à la veille de Yom Kippour et de l’Aïd al-Adha. Les Israéliens ont déployé des milliers de policiers pour prévenir de nouvelles violences sur et autour de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem.
Là-bas, c’est toujours le même rituel. A chaque fois que des juifs religieux sortent de l’esplanade des Mosquées, un groupe de femmes musulmanes protestent à l’extérieur, en invoquant Dieu. On les appelle les Mourabitate, explique notre correspondante à Jérusalem, Murielle Paradon. Des sentinelles qui défendent l’Esplanade contre l’intrusion de ces juifs religieux alors que le site est réservé à la prière des musulmans.
« L’esplanade des Mosquées appartient aux musulmans et rien qu’à eux. Ça fait partie de notre religion. Un verset du Coran parle de ce lieu. Ça fait plus 60 ans que les Israéliens font des fouilles pour prouver que ce lieu leur appartient mais ils n’ont rien trouvé jusqu’à présent », explique Aida Sedaoui, l'une de ces Mourabitate.
« Israël essaie de vider l'esplanade des musulmans »
Ces dernières sont depuis peu hors-la-loi. Le gouvernement israélien les accuse de perturber les visites sur l’esplanade et d’être liées à une organisation radicale, le mouvement islamique.
Mahmoud Abou Atta est un sympathisant de ce mouvement, il met en garde contre les provocations sur l’esplanade des Mosquées : « C’est extrêmement dangereux ce qu’il se passe. Depuis 1967, Israël essaie de vider l’esplanade des musulmans pour la laisser aux juifs. Cela provoque une grande colère à Jérusalem et en Cisjordanie et cela pourrait mener à une nouvelle intifada. »
« Le terrain est vraiment fertile pour que tout explose »
Le président palestinien Mahmoud Abbas, très impopulaire en Cisjordanie, est reçu mardi 22 septembre à l'Elysée par François Hollande, dans un contexte tendu au Proche-Orient. Près de deux tiers des Palestiniens réclament sa démission, selon un sondage. Une majorité également de sondés se prononcent pour la lutte armée contre Israël.
« 57% des Palestiniens sont pour l'intifada armée, indique Khalil Shikaki, directeur de l'Institut palestinien de recherches PSR. Et c'est une surprise. Ils n'étaient que 49% il y a trois mois à être pour un retour à l'intifada. Je pense que le terrain est vraiment fertile pour que tout explose. La dernière fois qu'on a eu un tel chiffre c'était avant le début de la seconde intifada en juillet 2000.
Il y a plusieurs raisons à cela. Les Palestiniens estiment que les Israéliens veulent garder le contrôle sur toute la Cisjordanie et continuer la colonisation. Ils pensent aussi que l'Autorité palestinienne a échoué en empruntant la voie diplomatique, pour mettre fin à l'occupation israélienne. Il y a enfin les préoccupations autour des aspirations israéliennes sur les sites religieux sacrés pour les Palestiniens. Cela joue un rôle aussi. »