Affrontements sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem

La police israélienne est entrée dimanche 13 septembre sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem pour, a-t-elle dit, empêcher une tentative de la part de Palestiniens de perturber les visites des juifs et des touristes étrangers à quelques heures du nouvel an juif. Lundi matin, la situation est extrêmement tendue avec des incidents mais les policiers ont tout même ouvert l'entrée réservée aux touristes.

Avec nos correspondants à Jérusalem, Michel Paul et Muriel Paradon

Il y a eu des incidents encore à Jérusalem ce lundi 14 septembre au matin. Des explosions ont été entendues en provenance de l'esplanade des Mosquées. La police, qui est entrée sur le site, en est ressortie avec deux personnes menottées. L'incident semble être clos puisque l'entrée réservée aux touristes est désormais ouverte, signe que la situation s'est calmée. Mais une grande tension règne et la situation est très volatile. Les forces de l'ordre sont déployées massivement dans la vieille ville de Jérusalem, notamment autour de l'esplanade des Mosquées et aussi autour du mur des Lamentations qui se trouve en contrebas. Ce lundi matin, des milliers de fidèles juifs affluent pour venir prier au mur des Lamentations. Le problème, c'est quand des extrémistes veulent aller prier sur l'esplanade des Mosquées qu'ils considèrent comme un lieu saint. La situation alors dégénère et provoque la colère des musulmans.

C'est ce qui s'est passé hier, dimanche 13 septembre entre des jeunes et la police israélienne. Plus de 650 personnes se sont rendues sur le lieu saint pour les deux religions, à quelques heures seulement du nouvel an juif, la fête de Rosh Hashana, l’un des moments les plus sacrés du calendrier juif. Cette fois encore, le ministre de l'Agriculture Ori Ariel était au nombre des visiteurs.

Selon la police israélienne, des dizaines de jeunes fidèles musulmans se sont retranchés sur l'esplanade des Mosquées. Ils ont, selon la même source, établi des barricades en plusieurs endroits. Des sources palestiniennes ont indiqué que les forces de l'ordre israéliennes ont pénétré dans la mosquée d'al-Aqsa, et ont provoqué des dégâts, ce qui est démenti par la police israélienne qui affirme que les policiers se sont contentés de fermer les portes du troisième lieu saint de l'islam, et qui indique par ailleurs avoir trouvé sur place des tuyaux bourrés d'explosifs.

Ces violences interviennent alors que le ministre israélien de la Défense a déclaré illégal le mouvement Mourabitoun, un groupe musulman dont le but est la protection des lieux saints. « Nous ne permettrons pas de transformer le mont du Temple en champ de bataille », a proclamé Gilad Erdan le ministre israélien de la Sécurité intérieure. La police a procédé à plusieurs interpellations. On signale par ailleurs une vive tension également en Cisjordanie.

La garde jordanienne expulsée

C’est une première, jamais Israël n’avait été jusqu’à l’expulsion des gardes positionnés par la Jordanie sur l'esplanade des Mosquées, qui a pourtant connu de nombreux épisodes de violences. En vertu de ce qu’on appelle le statu quo, Aman conserve depuis l’annexion de Jérusalem-Est par Israël en 1967 la gestion de ce lieu saint musulman. Qui est également le lieu le plus sacré du judaïsme.

Les réactions ont été vives. Face à l’expulsion de ses gardes, la Jordanie dénonce une tentative de modifier le statu quo de 1967 et appelle Israël à cesser les provocations. L’Egypte parle d'« escalade inacceptable »; le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a lui rappelé à Israël que les lieux saints de l'esplanade étaient une ligne rouge à ne pas franchir.

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