Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Lancé à l'initiative d'un collectif appelé « Vous puez », le mouvement de protestation a réussi à rassembler des milliers de Libanais de communautés et de régions différentes, dans un pays polarisé par les dissensions confessionnelles et politiques.
A l'origine, ce collectif voulait protester contre la crise des déchets, qui s'amoncellent dans les rues depuis plus d'un mois. Mais en réalité, les ordures ne sont que la partie visible de l'iceberg.
Le mouvement cristallise les frustrations d'une jeunesse dégoutée par une classe politique qu'elle juge responsable des blocages institutionnels, et incapable de répondre aux besoins les plus élémentaires de la population: rationnement draconien du courant électrique, coupures répétées d'eau, et, plus récemment, éclatement de la crise des déchets. Le tout sur fond de paralysie des institutions, d'incidents sécuritaires dus à la guerre syrienne et de difficultés économiques.
Un cocktail explosif qui a poussé les jeunes à laisser éclater leur colère. En quelques heures seulement, les slogans portant sur la collecte des déchets se sont transformés, pour réclamer le départ du gouvernement et le changement d'un régime, basé sur une répartition confessionnelle des fonctions politiques et des postes administratifs.