Mossoul en juin 2014, Ramadi en mai 2015. A chaque fois, le scénario est le même. L'armée nationale irakienne se retire devant l'offensive du groupe Etat islamique en abandonnant au passage du matériel militaire flambant neuf, aussitôt récupéré par l'organisation jihadiste.
A la suite de la prise de Ramadi, une commission d'enquête a été désignée. Elle a entendu une centaine de militaires et a préconisé de traduire en justice plusieurs commandants qui avaient abandonné leurs positions. Le Premier ministre Haïdar al-Abadi vient d'approuver. On ne connaît pas encore le nombre ni l'identité des officiers qui comparaîtront devant les tribunaux militaires.
Parallèlement, une commission parlementaire sur la débâcle de Mossoul en 2014 cite l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki parmi les responsables de ce revers, aux côtés d'une trentaine d'autres personnes. La prise de la deuxième ville d'Irak par l'organisation Etat islamique avait poussé Nouri al-Maliki vers la sortie.
Selon le président du Parlement irakien, le rapport mettant en cause l'ancien Premier ministre, qui est aujourd'hui l'un des vice-présidents irakiens - poste dont la suppression vient d'être annoncée par son successeur Haïdar al-Abadi - sera transmis à la justice, en vue de poursuites judiciaires. « Personne n'est au dessus des lois, tout le monde doit rendre des comptes au peuple et la justice punira les responsables », a assuré le président du Parlement, Salim al-Joubouri.
Corruption
A ce stade, on ne connait pas le contenu détaillé du rapport, sinon qu'il établit « les noms des personnes inculpées ainsi que des recommandations concernant les armes et la corruption », précise Shakwan Abdallah, membre du Parlement et vice-président de la commission d’enquête pour la chute de Mossoul. « Il y a des preuves de l’implication de certains membres de l’administration, ce qui a eu pour résultat de renforcer la position du groupe de l’Etat Islamique », accuse le député.
On ignore si le rapport fait mention de la politique confessionnelle menée pendant huit ans par Nouri al-Maliki dont le gouvernement a exclu et stigmatisé la minorité sunnite d'Irak, ce qui a largement contribué à la percée des jihadistes de l'organisation Etat islamique dans les provinces sunnites du pays. A l'époque de la chute de Mossoul, l'insuffisance des effectifs militaires dans le secteur avait également été citée comme l'une des causes de la prise spectaculaire de la deuxième ville d'Irak par les jihadistes.
« al-Maliki était le commandant suprême des forces armées. Il n’a pas pris les mesures légales qui pouvaient empêcher la chute de Mossoul, ajoutant à cela le mauvais choix des dirigeants et l’interdiction faite aux Peshmergas d’entrer dans Mossoul afin de la protéger », considère Shakwan Abdallah.Et de conclure : « Tous ces éléments ont eu un rôle déterminant dans la chute de Mossoul ».