Avec notre correspondante à Beyrouth,
Dans la capitale, le ramassage a repris, mais dans plusieurs banlieues proches, les poubelles continuent de s'entasser sur le bord des routes. Hier soir, de petites manifestations ont eu lieu en périphérie de Beyrouth, pour protester contre cette situation qui s'enlise. Car il faut le dire, jugée prioritaire, seule la capitale bénéficie d'un « plan d'urgence », c'est-à-dire d'une solution temporaire, pour éviter de graves problèmes sanitaires.
L'une des raisons de la crise, c'est la fermeture de la décharge desservant Beyrouth à la mi-juillet. Si le ramassage a repris dans la capitale, on ne sait pas avec exactitude où sont jetées les ordures. Et c’est là le problème. Elles ont été jetées dans un premier temps dans la zone portuaire, près d'une usine à farine, au risque de graves problèmes sanitaires. Ou même près de l'aéroport, faisant peser une menace sur la sécurité aérienne, en raison de la prolifération d'oiseaux. Des ministres ont depuis mis en garde contre l'utilisation de tels sites. Mais, tout aussi grave, alertent des activistes de l'environnement, des ordures sont jetées dans des décharges sauvages : dans les vallées, par exemple. Elles peuvent également être brûlées.
Exporter les déchets ?
On est encore au bras de fer entre dirigeants politiques, afin de trouver une solution à moyen terme. Il y a ceux qui tiennent fermement au projet de décharge et d'incinérateur, celui qui a l'origine aurait dû être mis en place avant la fermeture de la décharge de Beyrouth. Il y a ceux qui veulent au contraire exporter les déchets en dehors du Liban, dont le territoire est exigu. Et ceux enfin qui voudraient que la gestion des déchets soit décentralisée, c'est-à-dire confiée aux municipalités.
Les Beyrouthins accueillent ce débat avec beaucoup de lassitude, et d'inquiétude aussi. Le sentiment partagé, c'est que la crise risque de durer. Car si la solution initiale est retenue - celle mêlant décharge et incinération -, il faudra plusieurs mois avant sa mise en œuvre. D'ici là, cela veut dire que des dépotoirs temporaires ou sauvages continueront à être utilisés.
Mais certains Libanais ne perdent ni le sens de l'humour pour se moquer de l'incapacité de leurs dirigeants à assurer les services publics, ni le sens de l'initiative : ainsi, un entrepreneur a brièvement installé une usine mobile de recyclage sur un parking, dans une localité au nord de Beyrouth. Son but : montrer qu'il existe des alternatives à l'enfouissement ou à l'incinération des déchets.
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