Irak: le gouvernement approuve des réformes majeures

Le gouvernement irakien de Haïdar al-Abadi a approuvé ce dimanche des réformes majeures prévoyant la suppression de postes importants et de privilèges. Cela fait suite à des manifestations dénonçant la corruption et le délabrement des services publics.

« Le gouvernement a approuvé à l'unanimité lors d'une session extraordinaire le premier plan de réformes présenté par le Premier ministre », a annoncé ce dimanche un communiqué officiel du gouvernement. Parmi ces réformes proposées par Haïdar al-Abadi, la plus drastique est la suppression des trois postes de vice-Premier ministre et les trois de vice-président. Si elle est adoptée par le gouvernement, elle aurait pour conséquence d’écarter politiquement Nouri al-Maliki, le prédécesseur de Haïdar al-Abadi.

Nommé vice-président après son éviction, Nouri al-Maliki continue en effet de constituer une menace pour le nouveau dirigeant irakien. « Il garde des éléments importants dans le même parti et sa force aussi réside dans sa capacité à mobiliser plusieurs parlementaires. C’est ça qui inquiète Haïdar al-Abadi », analyse Hasni Abidi, spécialiste de l'Irak et directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam).

Ces réformes devront encore être votées par le Parlement avant leur mise en application. Nouri al-Maliki s'est déjà déclaré favorable à ces réformes qu'il estime « nécessaires ». Mais pour Hasni Abidi, il ne s’agit que d’une façade. « Monsieur Maliki va tout faire pour s’opposer à cette réforme qui signifie sa fin politique, affirme-t-il. Le départ des trois vice-présidents, cela veut dire la fin de tous les privilèges ». Surtout, la suppression de ce poste entraînerait la fin de l’immunité dont il bénéficie et l’ouverture d’une enquête judiciaire. Ses huit années au pouvoir ont en effet été marquées par des accusations de corruption, d’autoritarisme et d’aliénation de la minorité sunnite.

La fin des quotas confessionnels

Parmi les autres propositions de réformes figure la fin des quotas confessionnels pour les postes à responsabilité au sein de l’administration. En Irak, pays à majorité chiite, le président irakien est un kurde, le Premier ministre un chiite et le chef du Parlement un sunnite, en vertu d’un accord tacite. « Ce système avait fini par confessionnaliser la vie politique et sociale en Irak. Aujourd’hui, tous les postes importants sont proposés par des références religieuses ou confessionnelles. Cela a rendu la gestion politique et administrative chaotique. Il n’y a aucune comptabilité, aucune autorité capable de gérer ces personnalités », dénonce Hasni Abidi. Haïdar al-Abadi propose que les candidats aux postes à responsabilité soient désormais choisis selon « leurs compétences, honnêteté et expérience » par le Premier ministre.

Hasni Abidi considère cette proposition de réforme courageuse et très importante, d’autant que le chef du gouvernement est lui-même issu de ce système. « S’il est arrivé chef du gouvernement, c’est parce que monsieur Sistani (l’ayatollah Ali al-Sistani, la plus haute autorité chiite d’Irak, ndlr) et les autres partis politiques ont voulu garder le pouvoir au sein de cette coalition chiite et ont sacrifié Maliki au profit de monsieur Abadi », rappelle le directeur du Cermam.

Ces propositions de réformes sont annoncées alors que Bagdad et le sud du pays ont été le théâtre de manifestations ces dernières semaines. Elles dénonçaient la corruption et l’incompétence de la classe politique.

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