Droits de l'homme: la visite de Kerry en Egypte vue d'un mauvais œil

Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, est arrivé en Egypte samedi, première étape d'une tournée au Moyen-Orient. Mais cette visite est source d'une certaine irritation de la part des organisations de défense des droits de l'homme.

Avec notre correspondant à Washington,Jean-Louis Pourtet

La visite de John Kerry au Caire s'inscrit dans le cadre du dialogue stratégique entre les deux pays. La sécurité sera au centre des discussions avec notamment la situation dans le Sinaï. Après une période de bouderie, les Etats-Unis viennent de reprendre leur assistance militaire d'1,3 milliard de dollars, et huit des douze F-16 promis par Barack Obama en mars devaient arriver ce week-end au Caire.

Toutefois, les défenseurs des libertés s'inquiètent de ce retour à la normale, alors que le président Abdel Fattah al-Sissi soumet les Egyptiens à une répression croissante. Dans un éditorial, le Washington Post fustige le secrétaire d'Etat pour avoir déclaré il y a deux ans que l'armée égyptienne restaurait la démocratie en déposant Mohamed Morsi.

Le quotidien l'invite donc à faire pression sur le régime Sissi pour qu'il mette fin aux procès politiques, annule les condamnations à mort et cesse de réprimer les journalistes et la société civile. En d'autres termes, conclut l'éditorialiste, abstenez-vous de dire que l'Egypte restaure la démocratie. Pour rassurer ses critiques, John Kerry a emmené Tom Malinowski, chargé des droits de l'homme au département d'Etat pour bien montrer que la question ne sera pas éludée au cours de sa visite.

Un tribunal du Caire devrait d'ailleurs prononcer ce dimanche son verdict dans le nouveau procès de trois journalistes de la chaîne qatarienne al-Jazeera, dont la condamnation en première instance à des peines de prison allant jusqu'à 10 ans avait provoqué un tollé international.

John Kerry doit ensuite se rendre au Qatar pour rassurer les pays du Golfe inquiets de l'accord sur le nucléaire iranien. Mais le chef de la diplomatie américaine ne devrait pas passer par Israël, allié historique des Etats-Unis, mais aussi le plus farouche opposant à l'accord avec Téhéran.

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