Nouveau report des négociations à Vienne sur le nucléaire iranien

En théorie, les négociations entre les grandes puissances et l’Iran devaient se terminer ce mardi 7 juillet à minuit. Mais à Vienne, où se tiennent les négociations sur le nucléaire iranien, aucune date butoir n'a été communiquée. Selon un négociateur iranien, le texte de l'accord et les annexes sont presque finalisés.

Avec notre envoyé spécial à Vienne,  Sami Boukhelifa

Pour éviter tout nouvel embarras, il n'y a désormais plus d'échéance, aucune nouvelle date butoir n'a été arrêtée. Face aux caméras et aux micros, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini qui négocie au nom des grandes puissances, sont restés très évasifs, refusant d'entrer dans les détails quant à ce nouveau report. Une histoire d'heures, de jours, se dit-il sans plus de précisions.

En revanche, on sait que parmi les points qui entravent l'accouchement d'un accord figure une demande bien précise : Téhéran réclame la levée de l'embargo sur la vente d'armes. La République islamique souhaite acquérir des missiles balistiques et pose sur la table cette exigence. La réponse des Etats-Unis ne s'est pas fait attendre : « non », répondent sèchement les Américains.

Une question qui vient s'ajouter aux autres points de blocages et notamment le rythme de la levée des sanctions. Les Iraniens souhaiteraient, si accord il y a que les sanctions soient levées immédiatement, mais le groupe des «5+1» est plus réservée, il préfère opter pour une levée progressive.

« Préoccupés par la qualité de l'accord »

Mais la volonté générale est celle de réussir à tout prix. Les grandes puissances et l’Iran ont donc décidé de disputer une manche supplémentaire, encore une. Les négociateurs sont dos au mur. Dans ce dossier très complexe, chacun semble avoir atteint ses limites. Tous disent avoir fait des compromis et attendent du camp d’en face davantage de souplesse.

Côté grandes puissances, Marie Harf, porte-parole de la délégation américaine, estime que « des progrès substantiels » ont été accomplis. Ajoutant : « Honnêtement, nous sommes davantage préoccupés par la qualité de l'accord que par le calendrier, même si nous savons que les décisions difficiles ne vont pas devenir plus faciles avec le temps. C'est pourquoi nous continuons de négocier. »

Partisan d'une méthode qu'il qualifie lui-même de « fermeté constructive », le ministre français des Affaires étrangères l’a clairement affirmé : « La balle est dans le camp des Iraniens ». « C’est à eux », a dit Laurent Fabius, de prouver leur bonne volonté, d’œuvrer pour regagner la confiance de la communauté internationale. Evoquant les négociations,  le ministre évoque « des tensions », même si ces dernières continuent. « S'agissant de la France, nous insistons en particulier sur les limitations nécessaires en ce qui concerne la production nucléaire et la recherche. »

Souveraineté

Pour cela, l’Iran doit donc autoriser l’inspection de certains de ses sites soupçonnés d’avoir abrité un programme nucléaire à dimension militaire. Faux, rétorque Téhéran, qui refuse d’ouvrir les portes de ses installations militaires aux inspecteurs internationaux pour des questions de souveraineté nationale.

Le chef de la diplomatie iranienne ne cesse de le répéter : « En politique comme dans la vie, vous ne pouvez pas gagner aux dépens des autres. » Pour obtenir un accord, tout le monde doit sortir gagnant de ces négociations, explique-t-il. Or, avec un lourd régime d’inspection, Téhéran se sent humilié.

Après avoir été décalée à ce mardi 7 juillet minuit, l'échéance est à nouveau reportée... aux calendes grecques.

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