Les Frères musulmans appellent à la révolte en Egypte

Plusieurs responsables des Frères musulmans ont lancé jeudi des appels à la révolte « contre la tyrannie » en Egypte. Des appels qui interviennent au lendemain de la mort de neuf responsables de la confrérie, tués par la police, et à la veille de la seconde commémoration de la destitution de l'ex-président Frère musulman Mohamed Morsi, ce vendredi 3 juillet.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

Le président Mohamed Morsi a été destitué il y a tout juste deux ans, après un large soulèvement populaire réclamant son départ. Depuis, le régime d’Abdel Fatah al-Sissi a été marqué par une violente répression ciblant les Frères musulmans. Un anniversaire que plusieurs responsables de la confrérie, actuellement en exil, ont choisi de « célébrer » en appelant les partisans de Mohamed Morsi à se révolter contre le régime du président al-Sissi.

Révolte « pacifique» ou « mer de sang » ?

Les appels à la révolte ne précisent cependant pas quelle forme celle-ci doit prendre, alors que la confrérie doit actuellement faire face à une fronde chez les jeunes, qui estiment que l’ère de la protestation politique est dépassée et qui veulent maintenant en découdre. Mohamed Mountasser, porte-parole de la confrérie, a appelé les Frères à « se révolter contre la tyrannie pour défendre leurs vies et celles de leurs proches contre cette boucherie et mettre un terme au pouvoir usurpé ». Et si les communiqués en anglais de la confrérie insistent sur une révolte « pacifique » contre le pouvoir égyptien, ceux en arabe éludent le second mot.

Les Frères musulmans iront-ils grossir les rangs des désormais classiques manifestations qui se forment à la sortie de la grande prière du vendredi - qui sont de moins en moins étoffées, du fait de la répression policière - ou opteront-ils pour des actions plus violentes ? C’est le risque contre lequel met en garde Essam Téleima, un proche du cheikh Qaradawi, la haute autorité spirituelle des Frères musulmans. « Que se passerait-il si 500 membres de la confrérie décidaient de se faire sauter sur des places publiques ou au milieu de rassemblements de l'armée et de la police ? L'Egypte se transformerait en mer de sang », écrit-il dans un texte diffusé sur Internet.

Incursion de l'organisation Etat islamique

La situation est d’autant plus préoccupante que, mercredi 1er juillet, 300 jihadistes affiliés au groupe Etat islamique ont attaqué simultanément plusieurs positions militaires dans le Nord-Sinaï. Les combats ont fait près de 120 morts. L’armée poursuit actuellement le ratissage de la région proche de la frontière avec Gaza.

Des chars et des hélicoptères Apache sont déployés. Des accrochages sporadiques ont lieu, quand l’armée cerne des jihadistes. Plusieurs dizaines de fuyards auraient été tués jeudi. Quant à la population civile, elle est terrorisée par la nervosité des militaires d’une part et, plus encore, par la menace des jihadistes qui ont pour habitude d’égorger ceux qu’ils soupçonnent de collaborer avec l’armée.

Jeudi, dans la Vallée et le Delta du Nil, se sont déroulées les funérailles des 17 militaires, conscrits pour la plupart, tués au Sinaï. Des cérémonies lors desquelles la foule a appelé à la vengeance, notamment contre les Frères musulmans jugés responsables des actes de violence.

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