Attaque de Kobane: Ankara nie tout soutien à l'organisation EI

Les jihadistes de l'organisation Etat islamique ont lancé jeudi matin 25 juin une violente attaque sur la ville kurde de Kobane, collée à la frontière turco-syrienne. Cinq mois après avoir dû lever le siège qu'ils avaient imposé à cette ville depuis septembre, cet assaut a surpris tout le monde et a été particulièrement meurtrier. La manière dont les combattants islamistes ont pu s'infiltrer dans la ville fait toujours polémique. Quant au bilan, il demeure incertain mais il se monte à plusieurs dizaines de victimes, essentiellement des civils.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Ankara n'a pas du tout apprécié les soupçons ouvertement formulés par le parti kurde syrien PYD d'une infiltration du, ou d'un, commando islamiste par le territoire turc, qui semble avérée par l'explosion de la première voiture piégée au point de passage même entre le village turc de Mürsitpinar et la ville de Kobane, filmée par plusieurs caméras.

Les responsables turcs, dont le président Erdogan qui a condamné expressément l'attaque, ont dénoncé une campagne de désinformation et nié tout soutien à l'organisation terroriste islamiste. Il reste que l'intrusion des jihadistes, avec plusieurs véhicules bourrés d'explosifs, ne s'est pas faite en traversant la frontière à pied et à travers champs, ni après avoir passé les multiples points de contrôle s'égrenant sur plusieurs dizaines de kilomètres jusqu'aux limites de la souveraineté kurde sur la région.

La thèse avancée par certaines sources turques de cellules dormantes cachées dans la ville ne semble guère réaliste ; mais il y a certainement eu, outre l'entrée par le poste frontière, une infiltration par le Sud d'assaillants rasés et vêtus de treillis kurde pour commettre dans un petit village un massacre à grande échelle. Car là comme à Kobane, l'irruption de ces jihadistes ne visait pas à occuper ni conquérir la ville ou son territoire, mais à tuer le plus de civils possibles.

Une double attaque jihadiste en 24 heures

Cinq mois après avoir été chassés de Kobane, les jihadistes tentent d’y remettre les pieds. C’est par la ruse qu’ils sont revenus, en revêtant l’uniforme des Unités de protection du peuple kurde, la principale milice kurde syrienne. L’attaque a débuté par trois attentats suicides à la voiture piégée. Les combats se sont poursuivis dans la soirée. Ils ont fait plus de 50 morts, dont une majorité chez les Kurdes, selon une ONG basée à Londres.

Les jihadistes ont également lancé un assaut sur la ville de Hassaké, plus à l’Est. Cette fois-ci c’est l’armée régulière syrienne qui a été prise pour cible, elle contrôle désormais une partie la ville. Les affrontements ont été violents. Au moins 50 personnes ont été tuées. Est-ce le début d’une contre-offensive ou une manœuvre de diversion ? Les experts penchent plutôt pour la seconde hypothèse. Après avoir subi plusieurs défaites dans le nord de la Syrie, les jihadistes tentent de repousser l’ennemi. Les milices kurdes se trouvent actuellement à une cinquantaine de kilomètres de Raqqa, le fief de l’organisation Etat islamique.

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