Turquie: Orhan, Kurde et symbole d'une menace jihadiste accrue

En Turquie, l'auteur présumé de l'attentat à la bombe lors d'un meeting du parti pro-kurde HDP à Diyarbakir à la veille de l'élection législative - 5 morts - a parlé : le jeune homme de 19 ans reconnaît son appartenance à l'organisation Etat islamique, et son père raconte son parcours, et ses efforts pour le sortir de ce choix.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Le plus étonnant dans le parcours du jeune Orhan, tel que le raconte son père dans la presse locale, c'est qu'il soit kurde et alévi, autrement dit qu'en tant que kurde, il ait choisi de tuer des Kurdes, et qu'en tant qu'alévi il ait choisi de rejoindre un mouvement radicalement opposée à l'alévisme.

Hormis cela, son parcours serait presque banal, et illustre bien le danger qui menace la Turquie. Une Turquie qui a fait et fait peut-être toujours les yeux doux aux groupes islamistes syriens disposant de relais et probablement de cellules dormantes en Turquie même.

Interrogé puis relâché

C'est à l'automne dernier, au plus fort de la bataille de Kobane, qu'Orhan rencontre des apprentis jihadistes rentrés de Syrie et décide de se lancer dans l'aventure. Pourquoi ? Ses parents ne se l'expliquent pas, mais ils s'en rendent compte avant qu'il passe de l'autre côté du miroir et le jeune homme est interrogé par la police, puis relâché ; immédiatement après, il disparaît et explique dans une lettre qu'il est en Syrie.

Ni la police, ni le Premier ministre qu'il rencontre ne peuvent aider le paternel effondré. Il parlera avec son fils une seule fois, brièvement, au téléphone, sans parvenir ni à le raisonner, ni à le retrouver, jusqu'aux attentats de Diyarbakir. Aujourd'hui, il questionne la responsabilité de l'Etat turc, qui n'a pas fait le nécessaire semble-t-il pour empêcher son fils de devenir un terroriste.

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