Avec notre envoyée spéciale au Kurdistan irakien, Angélique Férat
Oum Marwan vit dans un camp de réfugiés à Ankawa près d’Erbil, en Irak. Un camp de 1 000 familles chrétiennes, bien entretenu, avec des allées de cailloux. Ces réfugiés ont tous le même parcours, ils ont fui Mossoul en juin de l’année dernière, pour les villages chrétiens du nord de la ville puis ils ont fui en août devant l’avancée de l’EI.
Oum Marwan n’aurait jamais pensé vivre dans une caravane avec sa famille un an après : « Bien sûr j’aimerais partir d’ici, partir d’Irak puis émigrer je ne sais vers où. Car vous savez, ici, mes enfants n’ont aucun avenir, pas d’école. Mais vous savez, on n’a plus aucun argent, plus rien. »
Mazen est resté un mois dans la ville de Mossoul prise par le groupe EI. Il est musulman sunnite. Au début, les islamistes ont rouvert les routes, nettoyé les rues, il n’y avait plus de barrages. Puis l’organisation Etat islamique a commencé à multiplier les règles. Il a pris peur pour ses enfants et est parti pour le Kurdistan : « Cela va durer longtemps, très longtemps. Après un an l’esprit des gens a changé, ça va rendre les choses difficiles. Chaque jour lorsqu’on communique avec les gens qui sont là-bas, on entend "tiens celui-la a rejoint Daech [le groupe EI, ndlr], celui-ci a rejoint Daech." »
Personne ne veut commenter la campagne menée par le gouvernement irakien pour reprendre les territoires contrôlés par l’organisation Etat islamique. Ils ne croient pas en l’armée irakienne. Ils sont sûrs que les insurgés vont se replier et laisser des cellules dormantes. Et les attentats continueront comme en 2005, disent-ils.