De notre correspondante à Jérusalem
Après la sortie inattendue de son PDG Stéphane Richard, le groupe Orange a précisé jeudi que son intention de se retirer « à terme » d’Israël n’était pas « politique ». Pourtant, l’annonce intervient après les pressions de cinq ONG et deux syndicats français qui dénoncent les atteintes aux droits de l’homme commises, selon eux, par Israël en Palestine.
Orange n’est pas présent directement en Israël mais prête son nom, contre une redevance, à une entreprise israélienne, Partner, qui opère en Israël et dans les Territoires palestiniens. Partner offre ses services aux colons israéliens, ce que dénoncent précisément les ONG. Pour elles, faire du commerce dans les colonies contribue à les maintenir en place.
Le gouvernement français n’a pas encore réagi à l’affaire Orange. Mais l’an dernier, il avait pris position sur la présence d’entreprises françaises dans les territoires occupés, en publiant une mise en garde sur les risques juridiques auxquelles elles pouvaient s’exposer, puisque les colonies sont illégales au regard du droit international. Elles sont aussi considérées comme un obstacle à la paix puisqu’elles rendent difficile la création d’un Etat palestinien.
Israël fustige les mouvements de boycott
L’affaire Orange intervient dans un contexte très tendu en Israël sur la question du boycott. La campagne mondiale BDS (boycott, désinvestissement et sanctions) menée par des militants opposés à l’occupation israélienne des Territoires palestiniens, fait de plus en plus d’émules. Récemment, la chanteuse américaine Lauryn Hill a annulé un concert en Israël, sous pression de BDS. Il y a deux jours, un syndicat d’étudiants britanniques a décidé de rejoindre le mouvement de boycott. Sans compter le battage médiatique de la fédération palestinienne de foot qui a essayé d’exclure Israël de la FIifa, fin mai. L’image d’Israël est mise à mal.
Mercredi, la ministre israélienne de la Justice a fustigé ceux qui tentent de « délégitimiser » l’Etat d’Israël. « Etre antisémite n’est peut-être pas politiquement correct, mais être anti-israélien, c’est super in », a déclaré la ministre de la Justice Ayelet Shaked, lors d’un débat à la Knesset, le Parlement israélien. Les discussions ont été animées, des députés de gauche et des députés arabes ont affirmé que le vrai débat n’était peut-être pas le boycott mais l’occupation israélienne des Territoires palestiniens.
Peu d’impact économique pour l’instant
Les actions de boycott et de désinvestissements avaient déjà fait bondir les autorités israéliennes l’an dernier. Plusieurs entreprises européennes s’étaient désengagées de projets israéliens. Mais il n’y avait pas eu de réel impact économique.
Ce qui inquiète davantage Israël, c’est la perspective d’un boycott au niveau de l’Union européenne. Plusieurs pays de l’Union, dont la France, ont relancé récemment l’idée d’étiqueter en Europe les produits venant des colonies israéliennes, pour que les consommateurs puissent faire leur choix en âme et conscience. Il n’y a pas encore de consensus européen sur la question mais ce projet est suivi de près par les Israéliens.