L'attentat revendiqué par l'organisation Etat islamique a frappé la mosquée à l'heure de la prière, à Koudeih, dans l'est du pays. C'est la première fois que le groupe terroriste revendique une attaque sur le sol saoudien.
Les autorités ont rapidement condamné un acte nuisible à l'unité nationale et qui cherche à creuser le fossé communautaire, mais des manifestations chiites ont éclaté dans la province de l'attentat. Ces derniers, qui représentent environ 10% de la population, dénoncent des discriminations dont ils sont victimes.
Mais la réaction des autorités ne suffira pas à apaiser des tensions explique Alain Gresh, spécialiste de la région et directeur adjoint du mensuel Le Monde diplomatique.
« Le roi Abdallah avait tenté un moment d’ouvrir des ponts avec la communauté chiite, d’organiser des réunions religieuses dans lesquelles sunnites et chiites étaient présents. Mais depuis notamment ces dernières années, avec la montée en puissance de l’Iran, la répression contre la communauté chiite est aggravée », constate le chercheur.
L'atmosphère générale dans le royaume saoudien est problématique, précise-t-il. « Il y a eu un des leaders chiites qui a été condamné à mort et il y a un sentiment des chiites d’être tout à fait opprimés. Et en plus, il y a dans les télévisions religieuses, notamment saoudiennes, une campagne extrêmement puissante contre le chiisme en général, pas seulement les chiites en Arabie saoudite. »
Les contradictions de la politique de Riyad
Riyad s'est jusqu'à présent montrée plus prompte à contrer l'influence de l'Iran chiite qu'à lutter activement contre les jihadistes. Pour Alain Gresh, le royaume saoudien va probablement poursuivre une politique « pragmatique ». L'Iran reste le danger principal sur la scène régionale. Mais le pays n'est pas à l'abri de ses paradoxes.
« Le problème c’est que l’Arabie saoudite est prise dans ses propres contradictions. On le voit au Yémen, où elle mène une guerre contre les houthistes qui sont chiites et où elle a, de facto, une espèce d’alliance avec al-Qaïda dans la péninsule arabique, qui est très forte au Yémen et qui combat les houthistes », analyse Alain Gresh.
« Donc l’Arabie saoudite a, à la fois, un discours de condamnation de l’Etat islamique, mais en même temps en aidant dans différents pays des groupes radicaux islamistes et en propageant une idéologie qui est souvent la même que celle de ces groupes tel que l’Etat islamique, elle se trouve comme ça, dans une vraie contradiction. »