Irak: violente offensive du groupe Etat islamique contre al-Anbar

L’objectif est la ville de Ramadi, capitale de la province d'al-Anbar. Si les jihadistes parviennent à la prendre, ce serait la deuxième capitale régionale avec Mossoul placée entièrement sous la bannière noire des jihadistes. Dans un enregistrement sonore attribué à Abu Bakr al-Baghdadi, le chef du groupe EI appelle la communauté sunnite de Ramadi à faire front avec lui contre l’armée irakienne.

Al-Anbar, berceau de l’organisation Etat islamique en Irak. Dans cette province où les jihadistes sont enracinés, ils livrent bataille aux forces irakiennes depuis janvier 2014. C’est aussi à partir de là, que l’été dernier ils lancent leur grande offensive à la conquête du pays.

Une percée, une montée en puissance qui les conduira jusqu’aux portes de Bagdad. A al-Anbar, à Ramadi les jihadistes bénéficiaient du soutien des tribus locales. Des populations sunnites brimées par le pouvoir, celui de l’ancien chef du gouvernement, le chiite Nouri al-Maliki.

Seulement voilà, son remplaçant Haïdar al-Abadi change de stratégie et réussit relativement à dénouer cette alliance de circonstance conclue entre sunnites et jihadistes.

Aujourd’hui, les populations sunnites commencent à tourner le dos au groupe Etat islamique, une perte conséquente. Dans le dernier enregistrement sonore qui lui est attribué, Abu Bakr al-Baghdadi demande aux sunnites de le soutenir, de rester dans leur province et surtout ne pas aller trouver refuge chez les chiites dans le sud, considérés comme leurs ennemis.

Sans les sunnites, les jihadistes peuvent très bien s’emparer de Ramadi, mais pas en garder le contrôle très longtemps.


 ■ Le Pentagone minimise les récentes avancées du groupe EI

Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet

Dans une téléconférence avec des journalistes du Pentagone, le général Thomas Weidley, chef d’état-major du commandement qui dirige les frappes aériennes de la coalition contre l’EI, ne s’est pas trop alarmé de la situation à Ramadi. Il estime que les gains des combattants jihadistes sont « temporaires et en général ne se matérialisent pas en des gains à long terme ».

« Nous croyons fermement que Daesh [l’organisation Etat islamique, ndlr] est sur la défensive en Irak et en Syrie, a déclaré le haut gradé. Ils essaient de conserver leurs anciens gains tout en menant de petites attaques de harcèlement localisées, et à l’occasion des attaques de plus grandes envergures pour alimenter leur dispositif d’information et de propagande. »

Selon le général Weidley, les Irakiens continuent de contrôler la plupart des infrastructures clés à Ramadi et perturbent les lignes de communication du groupe. « Ils reprendront le terrain perdu. » Il a reconnu que les combattants jihadistes avaient soumis les forces irakiennes qui défendent la raffinerie de Baiji à une forte pression, mais il reste confiant : avec le soutien de la coalition, qui a poursuivi ses frappes aériennes dans la région, les Irakiens progressent et en fin de compte le groupe EI sera vaincu.

Partager :