Médias: Téhéran va-t-il réellement desserrer son étau?

L’Iran est toujours tiraillé entre le camp des réformateurs et celui des conservateurs. D’un côté le pouvoir actuel, celui du président Hassan Rohani, souhaite plus de liberté et plus d’ouverture sur le monde. Une politique rejetée par les ultraconservateurs. Ce week-end, le ministre de la Culture Ali Janati les a appelés à changer d’approche affirmant que le contrôle des médias n’était plus possible. Mais cela changera-t-il quelque chose ?

« Le contrôle des médias, d'un point de vue technique ou géographique, est devenu impossible ». C’est ce qu’a déclaré Ali Janati, le ministre iranien de la Culture ce week-end devant des policiers, selon l’agence Isna. « On ne peut pas empêcher l'entrée d'informations dans le pays, a-t-il reconnu. [...] Si par le passé, nous pouvions appliquer un contrôle en faisant pression sur les médias, aujourd'hui cela n'est plus possible. »

Sur la base de cette constatation, le ministre a proposé « d’accompagner » l’opinion publique et non de « s’y opposer », « un des meilleurs moyens pour [la] contrôler ».

Disposer d’antennes paraboliques pour recevoir la télévision par satellite est interdit en Iran, mais dans les faits, peu de saisies sont effectuées au regard du nombre d’Iranien disposant de tels équipements. Avec les nouvelles technologies développées par les pays occidentaux, « les gens n'auront plus d'antennes paraboliques qu'on puisse saisir », a aussi relevé le ministre.

Pression des conservateurs

Mais pour Farhad Khosrokhavar, spécialiste de l’Iran et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), interrogé par RFI, cette déclaration ne sera pas suivie d’effets : « A mon avis, cela ne fonctionnera pas plus qu’avant, […] il y aura toujours cette tension puisque les conservateurs n’entendent pas laisser le pouvoir aux réformateurs. Ils dominent en quelque sorte le système judiciaire, le Parlement - avant les élections qui auront lieu dans quelques mois -, et [il y a] surtout le Guide suprême qui est de leur côté avec tout ce qu’on pourrait appeler les institutions militaires. »

M. Janati a expliqué que le gouvernement procédait à un « filtrage intelligent » des réseaux sociaux, et non à une interdiction pure et simple, comme c'était le cas par le passé. Un « succès à 90 % » sur Intagram, concernant les « contenus anti-religieux et immoraux ». Reste que Facebook ou encore Twitter sont toujours interdits.

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