Avec notre correspondante à Beyrouth,Laure Stéphan
Ce don a enfin commencé à se concrétiser après de longs mois qui avaient suscité des interrogations au Liban. Sur la base aérienne de Beyrouth, ce sont des missiles Milan qui ont été délivrés à l’armée libanaise ce matin. Il s’agit d’armes antichar. L’armée libanaise en dispose déjà, mais d’une façon générale elle est sous équipée.
Ce premier lot financé par Riyad provient des stocks de l’armée française. La plus grande partie du matériel reste à livrer. Le don saoudien s’élève à 3 milliards de dollars. La cérémonie de ce matin a été l’occasion de rappeler pour Paris son soutien à l’armée libanaise, l’une des rares institutions jugées fonctionnelles dans un pays qui connait de nouveaux blocages politiques.
La liste complète des armements dévolus aux forces armées libanaises n’a pas été communiquée, mais la livraison française prévoit entre autres la livraison de 250 véhicules de combats ou de transports de troupes ainsi que de sept hélicoptères Cougar. Des équipements bienvenus, a souligné le ministre de la Défense libanais Samir Mokbel, alors que l’armée libanaise fait face à la menace jihadiste aux portes du pays et qu’elle tente de défendre les frontières.
La stratégie française au Proche-Orient
Jean-Yves Le Drian a profité de cette visite pour expliquer aussi la stratégie militaire française au Proche-Orient. Depuis l’ambassade de France à Beyrouth, le ministre français de la Défense a rappelé la volonté de Paris d’appuyer les pays arabes menacés par le terrorisme, dont le Liban aux frontières duquel près de 3 000 jihadistes, - pour l’essentiel combattants du Front al-Nosra, mais aussi de l’organisation Etat islamique - sont déployés côté syrien. Mais il a aussi, sans jamais nommer Téhéran, mis en cause l’Iran, l’accusant de déstabiliser le Yémen et de sacrifier la Syrie dans cette tentative d’hégémonie régionale. Confirmant le soutien de Paris à Riyad, Jean-Yves Le Drian a du reste salué la campagne militaire menée sous la houlette de l’Arabie saoudite au Yémen.
Un contrat qui a failli ne jamais voir le jour
L’Arabie saoudite a longtemps hésité avant de financer l’armée libanaise. L’instabilité politique au pays du Cèdre, sans président depuis des mois, a bien failli dissuader le royaume saoudien de sortir le carnet de chèques.
Le déclic sera finalement provoqué par Téhéran, dans un Moyen-Orient plus instable que jamais et plongé dans une rivalité et une lutte d’influence entre l'Arabie saoudite et l'Iran. La République islamique aurait proposé au Liban de financer son armée, en plus de l’appui stratégique déjà fourni au Hezbollah.
Pour éviter une telle situation, la famille royale saoudienne se serait empressée de couper court à ses propres tergiversations et de finaliser ce contrat d’armement avec le partenaire français.