L'Iran suspend le pèlerinage en Arabie Saoudite

Rien ne va plus entre l'Iran et l'Arabie Saoudite. Les deux pays s'opposent de plus en plus ouvertement sur les situations au Yémen ou en Syrie. Téhéran vient d'annoncer la suspension du petit pèlerinage à la Mecque après l'agression de deux Iraniens par deux policiers saoudiens à l'aéroport de Djeddah.

Avec notre correspondant à TéhéranSiavosh Ghazi

L’Iran vient d’annoncer la suspension du petit pèlerinage à la Mecque. La décision a été prise après une tentative d'agression sexuelle contre deux jeunes Iraniens à l'aéroport de Jeddah en Arabie saoudite. Selon les médias iraniens, deux jeunes pèlerins ont été victimes d'une tentative d'agression sexuelle par deux policiers saoudiens à l'aéroport de Jeddah alors qu'ils s'apprêtaient à rentrer en Iran. Le gouvernement a donc décidé l’arrêt de tous les vols tant que les responsables de cet incident n'auront pas été punis.

Le ministre de la Culture a déclaré que les deux policiers saoudiens ont été arrêtés. Selon lui, les autorités saoudiennes ont même promis de les exécuter pour leur actes, mais pour le moment aucune annonce n’a été faite côté saoudien. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi devant l’ambassade de l’Arabie saoudite à Téhéran pour protester contre cet incident. Le ministre de la Culture a affirmé que cette affaire portait atteinte à la dignité des Iraniens.

Le pèlerinage et l'Iran

Chaque année 100 000 pèlerins se rendent en Arabie saoudite pour faire le hadj pendant le dernier mois de l’année lunaire musulmane, mais il y a aussi 500 000 autres qui vont en Arabie Saoudite pour ce qu’on appelle le petit pèlerinage. Ils dépensent chaque année 500 millions de dollars dans ce pays. Cette année, huit millions d’Iraniens se sont inscrits pour faire le petit pèlerinage et un million et demi pour le hadj, le grand pèlerinage.

L’Iran est le principal pays chiite de la région et étend de plus en plus son influence, ce qui exaspère l’Arabie saoudite qui se veut le porte-drapeau de l’islam sunnite. La décision de Téhéran d’annuler le pèlerinage intervient alors que la tension entre l'Iran et l'Arabie saoudite est à son comble. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a dénoncé il y a quelques jours ce qu’il a appelé les «crimes» et même le «génocide» commis par l’Arabie saoudite au Yémen. L’Iran soutient les rebelles Houthis, qui sont une branche de l’islam chiite, alors que l’Arabie saoudite a pris la tête d’une coalition de pays arabes sunnites qui ont bombardé les postions des Houthis au Yémen depuis le 26 mars.

Une guerre par procuration

L’ayatollah Khamenei a même comparé les bombardements de l’Arabie saoudite aux frappes israéliennes contre Gaza. De leur côté, les Saoudiens ont dénoncé le soutien de l’Iran aux rebelles Houthis. L’Arabie saoudite ne veut pas qu’un pouvoir chiite proche de l’Iran s’installe au Yémen. Il y a quatre ans, Riyad a également envoyé ses troupes à Bahrein pour défendre la dynastie sunnite menacée par la révolte des chiites qui forment la majorité de la population à Bahrein. Téhéran et Riyad s’opposent aussi ouvertement en Syrie, où l’Iran soutient le président Bachar el-Assad alors que l’Arabie saoudite soutient les rebelles. L’Iran accuse l’Arabie saoudite d’aider les jihadistes de l’organisation Etat islamique et d’al-Qaïda dans toute la région.

Partager :