Avec notre envoyée spéciale à Bagdad, Angélique Férat
Les télévisions irakiennes ont montré les images de ces fosses communes. En début de semaine, elles ont montré les images des médecins légistes venus prélever les restes humains. Des échantillons d’ADN ont été prélevés parmi les familles et maintenant c'est l'attente. Oum Hussein a posé sur le trottoir la photo de son fils de 20 ans. Aucune larme, mais beaucoup de colère dans sa voix : « Ça fait 40 jours que je viens manifester, raconte-t-elle. On dort ici la nuit, on veut juste savoir si nos enfants sont vivants ou sont des martyrs. S’ils sont morts, alors on pourra enfin organiser les funérailles. Les enterrer. C'est important pour nous. Alors on pourra enfin se recueillir dans le deuil de nos fils. »
Certaines familles sont venues de très loin pour manifester à Bagdad. Aucune information ne leur a été fournie par les autorités depuis dix mois, disent-elles. Elles sont allées d'un ministère à l'autre, sont même rentrées dans le Parlement.
« On les veut morts ou vivants, explique Amir al Asaka. S’ils sont morts, je vais faire le deuil pendant sept jours et ensuite on pourra continuer nos vies. Je suis de Diqar dans le Sud, je suis ici à Bagdad depuis 45 jours. Personne n'est venu nous voir, ni le Premier ministre, ni le vice-Premier ministre, ni le président du Parlement, ni le président irakien et aucun parlementaire. C'est comme si nous n'étions rien, comme si nous n’étions pas des Irakiens. »
Oum Hussein blâme l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki. D'autres blâment les tribus de la ville de Tikrit. Certains réclament une commission d'enquête comme celle créée après la chute de la ville de Mossoul. Beaucoup promettent de se venger des responsables de ce massacre.