Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
L'alliance inhabituelle entre le groupe Etat islamique et le Front al-Nosra, la branche syrienne d'al-Qaïda, a permis aux jihadistes de s'emparer de la quasi-totalité du camp palestinien de Yarmouk, composé de 18 000 habitants et situé à sept kilomètres environ du centre de Damas. La dernière milice qui leur faisait barrage, Aknaf Beit al-Maqdas, proche du Hamas, s'est effondrée, leur ouvrant la voie pour la prise de tout le camp. 120 membres de cette milice se sont rendus aux forces du régime syrien pour échapper à la brutalité des jihadistes.
Selon la chaîne panarabe al-Mayadeen, Daech aurait tué 70 personnes dans le camp, des membres de milices rivales, mais aussi des civils. Ces derniers sont désormais pris en tenaille entre les forces du régime, qui encerclent le camp de trois côtés, et les jihadistes, qui se trouvent à l'intérieur.
Pour tenter de stopper l'avancée des extrémistes, les organisations palestiniennes proches du régime syrien ont formé une salle d'opération commune. Secondées par des troupes syriennes, elles tentent une contre-offensive pour repousser les jihadistes. Mais la bataille s'annonce difficile. Maintenant que le groupe Etat islamique s'est rapproché du centre de la capitale syrienne, il tentera par tous les moyens de conserver et de consolider ses positions.
• Des centaines de familles évacuées du camp entre vendredi et samedi
Selon un responsable de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Damas, cité par l'Agence France-Presse, beaucoup de personnes ont pu quitter le camp au début du week-end. « Face à l'avancée de l'EI, 400 familles, soit environ 2 000 personnes, ont pu quitter vendredi et samedi, le camp à partir de deux routes sécurisées vers le quartier limitrophe de Zahira, tenu par l'armée syrienne », a indiqué Anouar Abdel Hadi à l'AFP.
Nos confrères de la radio MCD ont pu joindre sur place une réfugiée du camp. Voici son témoignage : « Ce qu'il se passe chez nous ? On ne peut plus sortir de chez nous. On est soumis à des bombardements d'obus et de roquettes. On n'a plus que nos yeux pour pleurer. On n'ose pas sortir pour chercher un morceau de pain. Notre situation est catastrophique. On a épuisé nos stocks, et je n'ai rien mis dans ma bouche aujourd'hui. Je suis une femme malade et je ne trouve plus de médicaments. Personne ne peut me venir en aide car personne ne peut sortir de chez lui. »