Avec notre correspondante à New York, Marie Bourreau
L’ONU ne doit pas être « une puissance impuissante », a martelé le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius pour qui ce débat doit déboucher sur des actions concrètes et rapides. Il a donc pressé le Conseil de sécurité à soutenir sa charte d’action.
Elle prévoit une prise en charge humanitaire des populations pourchassées par le groupe Etat islamique avec la création d’un fonds d’aide à leur retour. Une action militaire pour sécuriser leur réintégration. Mais aussi un levier politique qui doit encourager les gouvernements à inclure les minorités dans le processus de réconciliation. Et enfin la lutte contre l’impunité en référant à la Cour pénale internationale (CPI) tous les responsables de crimes de guerre et contre l’humanité. Pour la première fois, Laurent Fabius a aussi évoqué la notion de « génocide culturel ».
« On cherche à détruire les minorités physiquement et puis Daesh est tellement enragé qu’il veut même détruire l’histoire. Ils détruisent des monuments. Leur idée, elle est terrible, effrayante : ils ne veulent pas qu’il y ait eu d’Histoire avec un grand H avant eux et en dehors d’eux. Et donc tout ce qui n’est pas soumis à eux doit être détruit », a souligné Laurent Fabius.
Les 70 participants ont unanimement salué l’initiative française. Aucune échéance précise n’a cependant été arrêtée pour la mise en œuvre de ce plan d’action. Laurent Fabius a beau évoquer une « charte d'action », il s'agira plus sûrement d'une déclaration de principe, qui risque d'avoir peu d'effets sur le terrain. Mais elle aura au moins le mérite d'attirer l'attention sur le sort des chrétiens d'Orient.
Chrétiens d'Orient, la longue persécution
Il y avait environ 1,4 million de chrétiens en 1987 en Irak, et il en reste environ 400 000 aujourd'hui. Autrement dit, 90% des chrétiens ont quitté l'Irak entre 2003 et 2014. La prise de Mossoul, la grande ville du Nord irakien, par les partisans de l'organisation Etat islamique en juin 2014 a provoqué à elle seule la fuite de 50 000 personnes.
Plus de 300 000 chrétiens ont fui la Syrie de 2011 à 2014. Ils étaient auparavant 1,2 million. Longtemps protégés par les régimes successifs des Assad, ils sont aujourd'hui la cible des mouvements jihadistes. Plus de 200 chrétiens assyriens ont été enlevés et sont toujours des otages de l'Etat islamique ou du Front al-Nosra, la branche syrienne d'al-Qaïda.
En Israël et en Palestine, ils représentent un peu plus de 2% de la population contre 10 % en 1948. En Egypte, les coptes représentent quelque 10 % de la population. Ils ont été à plusieurs reprises ces 10 dernières années la cible de meurtriers se réclamant de mouvements islamistes. Enfin en Arabie saoudite, les chrétiens sont plus d'un million, essentiellement Indiens, Phillipins ou Libanais. En revanche, il leur est interdit de célébrer leur culte.