A Ramallah, la victoire de Netanyahu laisse un goût amer

Au lendemain des résultats définitifs de l'élection israélienne, les réactions se succèdent et le succès de Benjamin Netanyahu fait notamment réagir côté palestinien. C'est la victoire du racisme, de l'occupation et de la colonisation, estime un responsable à Ramallah. Les autorités palestiniennes ont promis de poursuivre leur campagne contre Israël auprès de la Cour pénale internationale.

Avec notre correspondant à Ramallah,  Nicolas Ropert

Dans les rues de Ramallah, la réélection du Premier ministre israélien ne surprend pas grand monde. Gérant d'un cybercafé de la ville, Haissa Ranjun espérait qu'après trois mandats, Benjamin Netanyahu soit enfin désavoué par les électeurs. Il est déçu du résultat.

« Cette nouvelle ne nous réjouit pas. C'est une mauvaise chose pour les Palestiniens. Cela va nous rendre la vie plus dure. Mais en même temps qu'est-ce qu'on craint ? Nous les Palestiniens, nous n'avons pas peur. Je pense que les Palestiniens ont le droit de vivre ici sur leur terre. Donc non, nous ne pouvons pas être heureux de cette victoire. »

Un avis que ne partage pas Issa Shamel, l'un des clients installés devant un ordinateur. Pour cet étudiant que ce soit Benjamin Netanyahu ou l'un de ses rivaux, cela ne change finalement rien pour les Palestiniens.

« Netanyahu, comme ses adversaires israéliens, pense que Jérusalem est leur capitale. Ils utilisent un prétexte religieux pour cela. Mais ce n'est pas vrai. C'est aussi notre ville. Peu importe qui est au pouvoir, nous souffrons. Les dirigeants israéliens se valent tous. »

Poursuivre les procédures internationales

Israël « a choisi la voie du racisme, de l'occupation et de la colonisation » regrette Yasser Abed Rabbo, le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Lundi, à la veille du scrutin, Benjamin Netanyahu avait affirmé son opposition à la création d'un Etat palestinien. Il affirmait aussi vouloir poursuivre la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. L'espoir de voir une relance des négociations semble s'éloigner. « Cela nous rend encore plus déterminés dans la poursuite de nos procédures auprès des instances internationales » a confié Majed Bamya, diplomate palestinien basé à Ramallah.

« Nous allons avoir affaire à un gouvernement colonial qui sort renforcé de ces élections et qui donc doit être restreint au plus vite par l'action de la communauté internationale dont l'inaction a conduit à ce résultat. Nous voulons notre liberté et nous voulons nos droits, et nous pensons que l'impunité d'Israël est un des grands obstacles pour l'obtention de ces deux objectifs. Nous avons le droit comme toutes les nations du monde d'aller à des conventions internationales, d'accéder aux cours internationales et nous espérons faire juger les criminels de guerre. Malheureusement, Israël a lancé des mesures punitives et personne n'a arrêté ce genre de mesure punitive pour ne pas nous permettre de mettre fin à son impunité. Mais nous poursuivrons sur cette voie, notamment pour faire juger ceux responsables de la colonisation et ceux responsables des massacres contre notre peuple qui ont eu lieu pendant l'été 2014. »

Quant à Mahmoud Abbas, il a rappelé hier, via son porte-parole, qu'il était prêt à coopérer avec tout gouvernement israélien qui reconnait la solution à deux Etats.

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