En l'espace de quelques semaines, les partisans de l'EI ont brisé d'inestimables objets conservés au musée de Mossoul. Ils ont détruit également des mosquées, des mausolées et des sculptures millénaires au bulldozer.
Même chose dans la ville plurimillénaire de Nimroud et celle fortifiée de Hatra, fondée il y a plus de 2 000 ans. L'EI justifie ces destructions par le fait que les statues favorisent l'idolâtrie. Mais selon plusieurs experts, les « idoles » si vivement dénoncées dérangent moins les jihadistes lorsqu'il s'agit de les vendre au marché noir.
C'est même une de leur source de revenus majeure, après la vente de pétrole, le pillage et les impôts qu'ils lèvent au sein des populations qu'ils contrôlent. Le gouvernement irakien, lui, est incapable d'intervenir, faute de troupes suffisantes.
Le ministre irakien du Tourisme et des antiquités, Fahd al-Cherchab, a demandé un soutien aérien de la coalition : « le ciel n'est pas contrôlé par les Irakiens, le ciel n'est pas dans nos mains », a-t-il dit. Donc la communauté internationale doit se servir des moyens qu'elle a.
L'appel a toutefois peu de chance d'être entendu. La coalition mène jusqu'à présent des frappes visant plutôt à affaiblir les capacités militaires de l'EI en Irak et en Syrie voisine. Pendant ce temps, c'est une partie de la mémoire de l'humanité qui disparait chaque jour un peu plus sous les coups de pioches et les pelleteuses des jihadistes.
L'armée américaine n'envisage pas d'intensifier les raids contre l'EI
« Larguer un tapis de bombes sur l'Irak n'est pas la solution », a déclaré le général Martin Dempsey, le plus haut gradé américain, lors d'une visite sur le porte-avions français Charles-de-Gaulle, qui croise dans le Golfe dans le cadre des opérations de la coalition. Le chef d'état-major interarmées américain qui doit se rendre à Bagdad a plaidé pour une « patience stratégique », estimant qu'une augmentation du rythme des raids accentuerait les risques pour les populations civiles, ce qui pourrait alimenter en retour la propagande jihadiste.
Son homologue français, le général Pierre de Villiers, a souligné le « paradoxe » dans lequel est pris la coalition : avoir« des résultats rapides » comme le demandent « nos sociétés occidentales », mais « aussi, agir dans la durée » car il faut « reconstruire (...) les forces de sécurité irakiennes » qui seules peuvent « reconquérir sur le terrain le territoire perdu ».