Face aux destructions d'œuvres d'art à Mossoul, l'Unesco demande la tenue en urgence d'une réunion du conseil de sécurité de l'ONU sur la protection du patrimoine culturel de l'Irak. L'institution a également envoyé une lettre à la Cour pénale internationale à La Haye. La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, a dénoncé une nouvelle incitation à la violence et à la haine.
« Nous sommes saisis d’effroi devant les images de l’attaque du musée de Mossoul ainsi que des sites archéologiques dans la région de Ninive en Irak. Un grand nombre de statues et de bas-reliefs ont été défigurés ou détruits dans une furie destructrice à coups de hache, de masse et de marteau-piqueur », a-t-elle déclaré.
Et d'insister sur la gravité de ces actes et leur signification : « Cette tragédie est loin d’être seulement un enjeu culturel. C’est un enjeu de sécurité majeur et on voit bien comment les terroristes utilisent la destruction du patrimoine dans une stratégie de terreur pour déstabiliser et manipuler les populations et assurer leur domination. »
Un point de vue que partage l'anthropologue Hosham Daoud, chercheur au CNRS. Mais pour ce spécialiste de l'Irak, il ne s'agit pas seulement de destructions. Il s'agit aussi de vol. « Une bonne partie des originaux avait déjà été pris et vendus à l’extérieur. Daech est une machine de terreur, mais c’est aussi une machine terroriste rationnelle. Quand ils ont des objets archéologiques, ceux qui peuvent les transporter les transportent pour les vendre. D’autres, quand ils n’en ont pas la capacité, les détruisent sur place. »
Les réactions politiques n'ont pas manqué non plus. Le président François Hollande a dénoncé la « barbarie » du groupe Etat islamique, tandis que son Premier ministre Manuel Valls a jugé pour sa part que ces statues détruites étaient « une part de l'esprit humain et de l'universel qui s'écroule ».