Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Les combats se poursuivaient toujours, dans la soirée de jeudi 26 février, le long de la rivière Khabour où s’égrènent les villages assyriens assiégés depuis lundi matin par les combattants islamistes. Selon les dernières informations recueillies sur place par téléphone, il y avait jusqu’à 350 personnes retenues en otage dans ces villages. Jusqu’à hier, on ignorait s’il y avait eu des victimes. Hormis les 10 combattants morts les armes à la main depuis lundi, il y aurait eu pas moins de 110 exécutions parmi ces villageois.
En réalité, il s’avère que les jihadistes avaient emmené les femmes et les enfants dans la montagne d’Abd al-Aziz, toute proche, où ils ont établi une sorte de quartier général. Ils ont cependant laissé dans les villages les plus âgés et les hommes, sans doute pour servir de bouclier humain face à aux forces kurdes, syriaques et tribales qui préparaient une contre-attaque.
Joint par RFI, Kino Gabriel, un porte-parole du Conseil militaire syriaque, la milice-chrétiennes qui se bât aux côtés des Kurdes contre le groupe Etat islamique, affirme que des négociations seraient en cours pour libérer les otages : « Je pense qu'il y a des gens qui essaient de négocier, des dignitaires religieux, des chefs de tribus arabes dans la région. Mais je ne pense pas que ces tractations puissent aboutir rapidement. Nous-mêmes, nous essayons d'une manière ou d'une autre d'entrer en contact avec l'organisation Etat islamique, afin de procéder à un échange de prisonniers. Nous avons capturé plusieurs de leurs combattants au cours des derniers jours et nous pourrions les échanger avec les civils qu'ils ont enlevés. Une autre solution serait de les localiser, de savoir où ils se trouvent et s'ils ne se trouvent pas trop loin de nos positions nous pourrions essayer de les libérer. »
L’organisation Etat islamique tient en fait la rive occidentale, ou droite de la rivière, alors que la rive orientale, ou gauche, reste défendue par les forces locales. Jeudi en fin d’après-midi des sources à Hassaké ont rapporté avoir vu des bombardements de la coalition frapper des positions de Daech, sans que l’on sache encore avec quel résultat. Un millier de familles, soient quelque 5 000 personnes, ont pu fuir les zones de combats jusqu’à présent, sans trop savoir où aller tant la région est instable de toutes parts.