Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Le but des premières mesures annoncées par Washington est en effet clairement de faciliter les échanges avec les particuliers cubains et avec le secteur privé, qui s’est ouvert depuis l’arrivée de Raul Castro. En dehors des relations familiales, deux secteurs sont privilégiés, les télécoms et tout ce qui touche à internet et l’informatique. Le département du Trésor américain et la Maison Blanche mettent l’accent sur ces points. On comprend bien que l’objectif américain est de favoriser une plus grande liberté de communication et d’information pour les Cubains.
On sent que l’administration américaine veut aller vite. Ces mesures entrent donc en vigueur dès ce vendredi. Il est désormais possible pour tout citoyen américain de se rendre à Cuba pour faire du commerce, participer à des échanges culturels, des voyages d’études, des missions humanitaires ou des séminaires. Mais c’est surtout la fin de casse-tête administratifs. Les demandes d’autorisations spéciales n’ont plus court, les motifs de voyage à Cuba sont déclaratifs.
Les transferts d’argent autorisés passent de 2 000 à 8 000 dollars par an. Enfin, une fois sur place, il sera possible d’utiliser sa carte de crédit américaine. Ce n’est qu’un début, explique Marie Harf, porte-parole du département d’Etat : « C’est une série de jalons que nous mettons en place et qui font partie de ce mouvement vers l’avant, explique-t-elle. L’un d’entre eux a été la libération des prisonniers politiques, une autre est cette annonce de nouvelles régulations, puis les prochaines discussions. Nous allons continuer à placer des jalons pour avancer dans le processus. »
Pas encore la fin de l'embargo
Reste tout de même deux obstacles : d'abord, le Congrès américain doit encore voter la fin de l’embargo. Ensuite, le comportement des Cubains face aux décisions américaines. Sur ce point, il faudra évaluer les progrès au fur et à mesure, mais jusque-là, l’administration américaine souligne que La Havane a rempli sa part du contrat, notamment avec les 53 libérations de prisonniers politiques. Et Cuba accueille la semaine prochaine la secrétaire d’Etat adjointe Jacobson pour établir un programme sur les mois qui viennent, et parler réouverture de l’ambassade des Etats-Unis. On parle même d’une visite du secrétaire d’Etat John Kerry à La Havane, avant la fin de l’année 2015.
Maintenant, sur l’opposition de certains républicains au Congrès, certains se sont déjà exprimés comme le sénateur Ted Cruz, d’origine cubaine. Mais les derniers sondages effectués en Floride, où résident le plus grand nombre d’immigrés cubains, montrent que 68 % de la communauté approuve la décision. Et si l’on regarde dans la tranche d’âge en deçà de 30 ans, on arrive à un soutien enthousiaste puisque 88 % des jeunes approuvent le rapprochement avec Cuba. Les élus républicains vont sans doute réfléchir avant de braquer la nouvelle génération d’Américains d’origine cubaine.