Irak: à Guermawa, les réfugiés encore hantés par leur fuite de Mossoul

Les offensives des forces kurdes se poursuivent dans le nord-ouest de l’Irak. Les peshmergas gagnent chaque jour davantage de terrain face à l’organisation Etat islamique. Les jihadistes ont été repoussés vers la frontière syrienne ou se sont retranchés dans Mossoul. Depuis sa prise en juin dernier, cette ville est considérée comme leur fief dans cette région de l’Irak. A Mossoul, le groupe islamiste a terrorisé la population qui a été obligée de fuir. Des milliers de civils sont aujourd’hui réfugiés dans des camps comme celui de Guermawa dans le Kurdistan irakien.

Avec notre envoyé spécial à Guermawa, Sami Boukhelifa

A Guermawa, certains réfugiés s’occupent de monter une tente. Un geste bénévole pour aider une famille qui vient de perdre la sienne dans un incendie. Parmi ces réfugiés venus donner un coup de main, Ibrahim Ismaïl. Le jeune homme vit avec femme et enfant dans ce camp. Six mois après sa fuite de Mossoul, il se dit hanté par la nuit de son départ :

« Ils ont tué mes voisins et s’apprêtaient à m’exécuter, raconte-t-il. J’ai pris ma fille et ma femme, nous avons sauté par une fenêtre. Ça a été l’un des pires moments de ma vie… C’était l’horreur, ce sont des monstres. Nous avons abandonné notre maison, la voiture, nos affaires. Mon voisin a été tué par balle. Ils lui ont dit : tu n’es pas musulman. »

« Ils nous ont dit qu’on était des mécréants »

A Mossoul, la quasi-totalité de la population a été accusée d’apostasie par l’organisation Etat islamique. Beaucoup ont été tués. Mohamed Saleh, un jeune homme de 20 ans, se dit très chanceux : il a été torturé puis relâché. « Ils m’ont tabassé. J’ai été roué de coups. Ces hommes avec leur longue chevelure étaient déchaînés. Ils ont détruit notre mosquée et notre maison. Ils nous ont dit qu’on était des mécréants. C’est quoi cette histoire ? » S'emporte-t-il.

Comme Ibrahim et Mohamed, les 1 700 réfugiés du camp Guermawa ont chacun une histoire tragique à raconter. Aujourd’hui, tous n’attendent qu’une chose : pouvoir rentrer chez eux.

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