Des manifestations, des violences et des blessés. Le scénario s'est produit à deux reprises, vendredi en Cisjordanie. Près de Ramallah tout d'abord, devant la prison militaire d'Ofer, puis à Hébron, où des centaines de Palestiniens ont défilé après la grande prière pour les musulmans. Bilan : une vingtaine de blessés.
Hors la Cisjordanie, des violences ont également été observées dans la bande de Gaza, où le Centre culturel français a été frappé par une explosion. Comme le relate notre correspondant dans les Territoires palestiniens, Nicolas Ropert, la déflagration a été entendue dans toute la ville de Gaza en soirée. Un « gros boum », dixit un témoin.
Le bâtiment touché deux fois en moins de trois mois
Il n'y a pas eu de blessé, assure à l'Agence France-Presse un porte-parole de la police du Hamas, qui contrôle l'enclave. Les dégâts sont par ailleurs superficiels : l'explosion a abîmé un mur d'enceinte depuis l'extérieur de l'institut. L'origine de l'explosion n'est pour l'instant pas connue, mais plusieurs indices laissent penser qu'il s'agit d'une attaque.
Début octobre, déjà, un incendie avait endommagé une partie du Centre, resté depuis lors fermé. L'incendie semblait, là aussi, intentionnel. Un groupe distinct du Hamas l'avait revendiqué, sans que la preuve de son implication n'ait été donnée. A ce moment, le parti islamiste avait dénoncé, via l'un de ses porte-parole, un « lâche attentat qui vise à donner une mauvaise image de Gaza ».
Le Centre culturel français de Gaza, qui constitue l'une des rares présences internationales dans l'enclave, devait rouvrir le mois prochain, mais seulement si la sécurité était assurée, précisait un responsable culturel français avant l'explosion de vendredi.
Le président palestinien va-t-il revoir sa coopération ?
On attend ce week-end une décision politique de Mahmoud Abbas : l'Autorité palestinienne doit-elle suspendre sa coopération sécuritaire avec Israël ? Dès le soir de la mort de Ziad Abou Eïn, le responsable palestinien tué lors d'une manifestation mercredi 10 décembre, Mahmoud Abbas avait réuni le comité de direction palestinien et une décision devait être annoncée vendredi.
Mais en présence du Premier ministre, des directeurs des services de sécurité et des membres du Fatah, le président de l'Autorité palestinienne a finalement décidé de repousser la décision à ce week-end. Plusieurs hauts responsables palestiniens avaient pourtant clairement réclamé la suspension de cette coopération sécuritaire. Mais Mahmoud Abbas semble hésiter.
Cette coopération issue des accords d'Oslo avait déjà été suspendue au début des années 2000 - et c'est Mahmoud Abbas qui avait décidé de la rétablir en 2005. Cette coordination est fondée sur un échange d'informations ainsi que sur des opérations conjointes des forces de sécurité. Une collaboration très critiquée dans le camp palestinien, par le Hamas et le Jihad islamique, mais aussi de plus en plus au sein même du Fatah, qui est pourtant le parti de Mahmoud Abbas.
L'impératif de ne pas tout sacrifier sous le coup de l'émotion
Du côté israélien, si le ministre de la Défense a estimé vendredi qu'une suspension ne changerait rien, d'autres soulignent pour autant que cette coopération a permis de déjouer des dizaines d'attentats ces dernières années et qu'une éventuelle suspension ne ferait qu'aggraver une situation déjà explosive.
Côté palestinien, les enjeux d'une éventuelle suspension sont également très importants. Pour Mahmoud Abbas, le risque est grand de voir ses adversaires, à commencer par le Hamas, profiter d'une nouvelle flambée de violences. En outre, un gel de la coopération sécuritaire aurait également un impact négatif pour le dirigeant palestinien sur la scène internationale.
Alors que l'objectif de reconnaissance de l'Etat palestinien avance avec les votes symboliques des parlements européens, le président Abbas ne veut pas tout sacrifier, rappelle notre correspondant. Une suspension de cet accord avec Israël serait néanmoins un message fort, analyse un chercheur basé à Ramallah. Mais cela risquerait de décourager les initiatives de paix menées notamment par la France au niveau diplomatique, résume ce bon connaisseur du conflit. De nombreux observateurs estiment donc que l'Autorité palestinienne pourrait se contenter d'un simple réaménagement de cette politique de coordination sécuritaire. Une suspension partielle pourrait être décidée.