Dimanche 7 décembre, les Etats-Unis ont remis le chef taliban Latif Mehsud aux autorités pakistanaises ainsi que deux autres prisonniers détenus près de leur base afghane de Bagram. Ce même jour, quatre rebelles islamistes présumés ont été tués par des drones américains dans le nord du Waziristan. La veille, Islamabad a annoncé avoir tué l'un des plus hauts responsables d'al-Qaïda, Adnan al-Shukrijumah, l’un des terroristes les plus recherchés par les Etats-Unis.
Si le Pakistan a longtemps été accusé de protéger des groupes islamistes, la situation semble évoluer. « Il est fort possible que l'on soit à un tournant dans la région Afghanistan-Pakistan, à l’approche du retrait américain, qui ne sera que partiel, on le sait maintenant, mais qui sera tout de même substantiel », explique Christophe Jaffrelot, spécialiste de l’Inde et du Pakistan et auteur du Syndrome pakistanais.
« Ce changement tient à deux choses, détaille-t-il. D’une part au fait que l’armée pakistanaise semble poursuivre avec détermination une opération anti-talibans et anti-al-Qaïda engagée maintenant depuis six mois, ce qui est beaucoup plus long que toutes les opérations précédentes. Et d’autre part au fait que du côté afghan, on voit un nouveau président, Ashraf Ghani, qui est a priori beaucoup plus décidé à collaborer non seulement avec les Américains, mais aussi avec les Pakistanais, pour faire notamment la chasse aux talibans pakistanais qui sont cachés du côté afghan de la frontière. On a donc maintenant une sorte de tenailles qui paraît se refermer sur certains de ces groupes à la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan. »