Avant même le début des pourparlers entre Iraniens et grandes puissances réunies en ce moment à Vienne, une source diplomatique occidentale l’affirmait : il y a beaucoup de bonne volonté, mais aussi beaucoup de divergences. Aujourd’hui, Laurent Fabius fait le même constat : « Nous souhaitons un accord mais il reste, il faut bien le dire, des points de différences importants et nous espérons qu’ils vont pouvoir être réduits et cela dépend de l’attitude des Iraniens. » Parmi ces divergences, il y a notamment la capacité d’enrichissement d’uranium de la République islamique, mais aussi la question de la levée des sanctions qui pèsent contre elle.
Derrière ces discussions à Vienne, les enjeux sont colossaux et les circonstances ont rarement été aussi favorables pour parvenir à une solution. Pour le ministre des Affaires étrangères français comme pour le secrétaire d'Etat américain, les négociateurs feront de leur mieux pour parvenir à un accord, mais la balle est dans le camp iranien. Téhéran doit lever les doutes qui pèsent sur son programme nucléaire. « Nous allons travailler très dur, nos équipes sont en négociations. Nous espérons pouvoir surmonter les difficultés qui subsistent. Et nous sommes tous convaincus que lorsque l’on parle d’un programme nucléaire civil, techniquement il n’est pas si difficile de prouver sa nature pacifique », explique ainsi John Kerry.
Autrement dit, pour le secrétaire d’Etat américain et les autres pays du 5+1, Téhéran ne peut justifier un programme nucléaire civil en ayant des installations aussi importantes. Ils demandent donc un démantèlement partiel.
Les pourparlers à Vienne doivent se poursuivre jusqu’au lundi 24 novembre, et selon John Kerry les discussions doivent aboutir à un accord et non pas à une prolongation du dialogue. Mais dans la capitale autrichienne les négociations se déroulent dans « un climat de tension » selon un diplomate russe. Il explique que « dans la situation actuelle, s'il n'y a pas un nouvel élan, un accord sera très difficile à obtenir. »
→A (RE)LIRE : Nucléaire iranien: accord possible si pas de «demandes excessives»
Nouvelle mise en garde d'Israël
Avec notre correspondante à Jérusalem, Murielle Paradon
Mieux vaut pas d’accord du tout qu’un mauvais accord. C’est la rhétorique habituelle des Israéliens lorsqu’on parle des négociations entre l’Iran et les puissances mondiales du groupe 5+1.
Ce jeudi, le ministre du Renseignement Youval Steinitz est monté au créneau et a multiplié les déclarations alarmistes, alors que les négociations à Vienne entrent dans leur phase finale. « Ne signez pas un accord qui permette à l’Iran de rester au seuil d’acquisition de l’arme atomique », a-t-il ainsi réclamé. Selon lui, tout développement des capacités nucléaires du pays créerait « un nouvel et dangereux ordre mondial ».
Et le ministre de menacer : Israël se réserve toutes les options pour se défendre. Sous-entendu : la possibilité d’une action armée si l’Iran se dotait de la bombe atomique. Les Israéliens s’estiment être une cible potentielle.
L'objectif des négociations de Vienne est de parvenir à un accord définitif sur le programme nucléaire iranien pour qu’il soit à usage uniquement pacifique. Les Occidentaux et Israël le soupçonnent d'abriter un volet militaire, même si Téhéran nie vouloir obtenir l'arme atomique.