Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion,et notre envoyé spécial à Diyarbakir, Daniel Vallot
Cela faisait trois jours - depuis samedi - qu’un poste militaire avancé, situé en pleine montagne, sur la frontière avec l’Irak, était visé par des tirs de mitrailleuse et de roquette, sans faire de victime. L'état-major turc a donc lancé ses bombardiers pour frapper des positions du PKK, leur infligeant des pertes « substantielles », selon un communiqué.
La Turquie affirme avoir répondu à une agression de la rébellion kurde, qui aurait attaqué un poste de police situé dans le secteur. De son côté, le PKK affirme que l’armée turque a ouvert les hostilités.
Depuis lundi soir, des avions de chasse décollent à intervalles réguliers depuis Diyarbakir, en direction de la frontière irakienne. Notre envoyé spécial a également constaté de très nombreuses rotations d’hélicoptères de l’armée turque, signe tangible d’un regain de tension dans la région.
La rébellion a lancé un ultimatum
Alors que le monde entier attend de la Turquie qu’elle envoie des avions de chasse en Syrie pour pilonner l’organisation Etat islamique, elle utilise sa force de frappe pour viser les positions kurdes du PKK près de la frontière irakienne. Le processus de paix entamé il y a deux ans entre le PKK et le gouvernement turc est en train de prendre l’eau. A Diyarbakir, les Kurdes de Turquie en sont convaincus : l’objectif prioritaire d’Ankara aujourd’hui est bien de mettre au pas les forces du PKK et leurs alliés syriens qui se battent toujours à Kobane, et certainement pas de contenir l’avancée de l’organisation Etat islamique.
Cette opération contre la rébellion est la première depuis plusieurs années. Depuis 18 mois, un processus de résolution du conflit kurde est engagé avec Ankara. Ces négociations de paix avec la rébellion piétinaient depuis quelque temps il est vrai ; elles ont, en plus, été mises à mal par l’embargo de la Turquie sur la ville de Kobane, où les Kurdes du PYD, alliés du PKK, sont menacés par l’avancée des jihadistes de l'organisation Etat islamique.
La semaine dernière, le leader de la rébellion Abdullah Ocalan avait posé comme ultimatum la date du 15 octobre - donc ce mercredi -, pour donner des garanties de poursuite des négociations de paix, faute de quoi la feuille de route serait abandonnée et plus rien ne pourrait empêcher la reprise de la lutte armée. Une éventualité chaque jour plus probable, alors que les militants armés qui avaient quitté le territoire turc l’an dernier ont été renvoyés dans le maquis il y a quelques jours, prêts à reprendre les armes.