Avec notre envoyé spécial sur la frontière syrienne, Jérôme Bastion
Pour la première fois, le président turc a expliqué quel pourrait être, selon lui, le prétexte à des frappes ou une intervention sans hésiter « contre la présence de l’Etat islamique » ; ce serait selon Recep Tayyip Erdogan, « si et seulement si les jihadistes violaient le statut d’extraterritorialité du mausolée Suleiman Chah », père du fondateur de la dynastie ottomane, une minuscule portion de territoire turc sur les rives de l’Euphrate, au dessus de Raqqa.
Provocation ouverte
Hormis cela, il faudrait au moins une provocation ouverte des islamistes pour imaginer une riposte d’artillerie de la Turquie, en cas, par exemple, de chute de projectiles sur le territoire turc, sinon, et le ministre de la Défense Ismet Yilmaz l’a bien précisé lors de son argumentation de la résolution devant le Parlement : elle n’a pas vocation à être appliquée immédiatement.
Ankara n'a aucune envie de voler au secours des Kurdes
La Turquie veut pouvoir instaurer et assurer la sécurité d’une zone tampon en Syrie du nord, qui permettrait de gérer le flot des réfugiés, de protéger sa frontière et fournir une assistance militaire et logistique aux combattants de l’Armée syrienne libre, un point c’est tout. Or, même ces simples missions, bien éloignées des buts de la coalition, semblent irréalisables en l’état actuel des choses. Et surtout, Ankara n’a aucune envie de voler au secours des Kurdes en ouvrant les hostilités contre le groupe Etat islamique, son ancien allié objectif et qui le reste toujours dans sa lutte contre le pouvoir de Bachar el-Assad.