Avec notre correspondante à Amman,Angélique Férat
Quinze personnes ont été renvoyées en Syrie. Douze étaient des blessés opérés en Jordanie. Le centre de convalescence où ils se trouvaient existe depuis trois ans. Il opérait sans licence, mais il avait demandé sa régularisation. Les patients qui viennent de Syrie étaient tous enregistrés au Haut commissariat aux réfugiés, ce qui normalement les protège.
Le docteur Oussama Mahamid, responsable du centre, est resté en contact avec ses anciens patients. Il n'y a pas de médicaments dans la ville de Deraa où ils se trouvent aujourd’hui. Les blessés ont besoin de couches et de cathéters.
« Expulser ces gens-là, c’est comme si on les tuait, explique-t-il. Il n’y a personne qui peut les aider de l’autre côté à Deraa. Six d’entre eux sont complètement paralysés. Ils ont besoin de quelqu'un pour pousser leur fauteuil roulant. D’autres ont des fractures importantes, ils ont des broches qui devaient être retirées. Ce sont des patients qui ne peuvent pas bouger. Nous nous occupons de blessés qui n’ont personne en Jordanie pour les accueillir pendant leur convalescence ».
Les Jordaniens ont, dit-il, expulsé les patients parce que le centre n’a pas d'existence légale. Pourquoi ne pas transférer les patients vers des hôpitaux locaux ? Certains d’entre eux auraient eu des activités politiques, répondent les autorités. Human Rights Watch rappelle que l’expulsion de réfugiés vers un pays en guerre est illégale selon la Convention internationale sur les réfugiés.