Avec notre correspondante à Amman, Angélique Ferat
Lors de sa visite au Proche Orient, John Kerry aurait demandé aux Jordaniens de pouvoir d'utiliser les bases aériennes du pays - il y en a plusieurs au Nord- pour lancer des attaques contre les bases du mouvement Etat Islamique. La réponse officielle jordanienne n’a pas été rendue publique. Mais le royaume va sans doute se contenter d'un rôle d'assistance par rapport à cette coalition. Il devrait donc ouvrir l'accès à ces bases. On aurait ainsi un engagement calqué sur l’engagement des pays du Golfe.
Les craintes d'un retour de milliers de combattants en Jordanie
La Jordanie fait preuve de prudence car elle craint l’EI. Le pays a une frontière avec la Syrie et l'Irak. La région irakienne d'al-Anbar est aux mains des rebelles irakiens.
Le pays ne craint pas une attaque directe du pays par les combattants de l'Etat islamique, avec une centaine de pickups, même si dans certains de leurs messages, ils annoncent qu'après Damas et Bagdad, ce sera le tour de la Jordanie.
Les autorités jordaniennes craignent probablement la réaction de la population, toujours assez favorable aux thèses islamistes et aux thèses jihadistes. Mais, c'est surtout la perspective d'un retour de 2 000 Jordaniens, selon les estimations, qui combattent en Syrie ou en Irak aux côtés de l'EI ou d'autres groupes islamistes, qui inquiète les autorités. Cela représente certes une minorité dans la population jordanienne mais une minorité qui peut perpétrer des attentats et endoctriner d’autres jeunes. On parle de cellules dormantes, actuellement, qui seraient mises en place par l'organisation terroriste Etat islamique au sein de la population jordanienne. Un groupe de députés a mis en garde le roi contre un soutien sans limite à la politique américaine.
Multiplication des arrestations
Depuis quelques semaines, plus de 80 personnes ont été arrêtées pour avoir parlé en faveur de l'organisation Etat islamique ou tenté de recruter des combattants.
Depuis le début du printemps arabe, les salafistes avaient plutôt bénéficié d’une certaine liberté de mouvement. Mais avec la multiplication des passages de combattants jordaniens vers la Syrie, l’annonce que le chef de Jabhat al-Nosra -un autre groupe islamiste en Syrie-, est un Jordanien de Zarka, et une manifestation de soutien à l’EI dans la ville de Maan, le régime a décidé de revenir à une stricte surveillance policière.
Un EI jordanien sur You tube
Un petit groupe de Jordaniens qui s'est baptisé les Martyrs de Maan a même, par défiance, déclaré la création d'un Etat islamique en Jordanie sur You tube. La vidéo appelle ses frères La Jordanie n'est pas devenu une terre de jihad pour autant mais le régime craint la capacité de nuisance des quelque salafistes locaux.