Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Le procès de Alaa Abdel Fattah était devenu un sujet d’embarras pour le président Abdel Fattah al-Sissi depuis son arrivée au pouvoir il y a trois mois. Alaa, de son nom de blogueur, était en effet une figure de proue du soulèvement contre l’ex-président Moubarak. Il avait aussi été emprisonné sous le pouvoir du Conseil suprême des forces armées pour agression contre des militaires. Le procès s’était terminé par un non-lieu. L’activiste avait aussi participé aux manifestations monstres qui ont abouti à la destitution du président issu des Frères musulmans Mohamed Morsi en juillet.
Mais l’adoption d’une loi limitant les manifestations en novembre a poussé, à nouveau, Alaa dans la rue. Condamné par contumace à 15 années de prison, Alaa a été rejugé après son arrestation. Sa libération est due à sa grève de la faim, aux pressions internationales et aux divergences entre la cour et le parquet. Une cour qui a décidé de se dessaisir de l’affaire pour protester contre le parquet, qui, selon elle, avait porté atteinte au principe de droit à la vie privée. Lors de la dernière séance le parquet avait en effet diffusé une vidéo de l’épouse d'Alaa dansant dans une soirée privée.