« David Haines était un héros britannique, a martelé le Premier ministre lors d'une conférence de presse ce dimanche midi. Le fait qu’un travailleur humanitaire ait été capturé, détenu et brutalement assassiné aux mains de l’Etat islamique résume ce que cette organisation représente : ils attaquent et massacrent des milliers de gens, musulmans, chrétiens, appartenant à des minorités à travers l’Irak et la Syrie ». Une allusion directe aux populations de confession chiite, chrétienne ou encore yézidie en Irak et en Syrie.
« Ils prétendent le faire au nom de l’Islam. Ce sont des foutaises ! L’islam est une religion de paix. Ce ne sont pas des musulmans, ce sont des monstres. Nous ne pouvons ignorer cette menace contre notre sécurité et celle de nos alliés, il nous faut affronter cette menace. Pas à pas nous devons repousser, démanteler et au final détruire l'EI et ce qu’il représente. Nous le ferons de façon pesée, et avec calme, mais avec une détermination de fer. Nous ne le ferons pas seuls mais en travaillant étroitement avec nos alliés, pas seulement les Etats Unis et l’Europe mais aussi dans la région ».
La manière dont pouvait s'organiser la riposte était précisément à l'ordre du jour de cette réunion interministérielle de crise, appelée Cobra, à Londres, ce dimanche matin. Participaient aux travaux de hauts responsables de la hiérarchie militaire.
Le gouvernement britannique hésite entre conserver la même stratégie, c’est-à-dire fournir des armes et des munitions aux combattants kurdes dans le nord de l’Irak ou bien accroître le rôle de Londres aux côtés des Etats-Unis qui sont déjà engagés dans une action militaire directe contre le groupe jihadiste.
Une réponse qui n'apparaisse pas dictée par la peur
Cette seconde solution semble de plus en plus inévitable mais la difficulté pour les Britanniques est de trouver une réponse qui n’apparaisse pas dictée par cette nouvelle exécution de peur que cela joue en faveur des terroristes. D’où la promesse faite par David Cameron de combattre l’Etat islamique de façon résolue et méthodique après avoir réuni une coalition à la fois dans la région mais aussi au sein de la classe politique britannique.
Le gouvernement ne veut surtout pas en effet essuyer une nouvelle défaite au Parlement comme il y a un an quand il avait voulu faire avaliser une intervention aérienne en Syrie contre le régime Assad. Des discussions sont donc en cours avec de nombreux députés de tous bords pour parler d’une seule voix.
Pour le moment David Cameron exclut toute présence de troupes au sol et évite encore de se prononcer sur des attaques aériennes mais l’intervention de la Royal Air Force semble de plus en plus une option plausible.
« Un message aux alliés de l'Amérique »
L’objectif de l’organisation Etat islamique est clair : il s'agit de garder les dirigeants occidentaux sous pression et de tenter de leur mettre à dos l’opinion publique. Dans cette stratégie de communication, le moindre de détail à son importance d’où le choix de la mise en scène des exécutions : un bourreau s’adresse aux dirigeants occidentaux, leur reproche leurs décisions puis passe à l’acte en tuant sa victime et enfin il présente un nouvel otage qu’il menace d’exécuter.
Le choix de l'exécution par décapitation est également fort : l’acte est fort, dur et marque les esprits en renforçant la réputation de férocité des jihadistes. Pour intimider les populations en Syrie en Irak, les jihadistes de l'Etat Islamique publient quasi quotidiennement des vidéos de carnage et de crucifixion.