Irak: et si des tribus sunnites prenaient les armes contre le califat?

D'importantes tribus sunnites de l'ouest irakien ont annoncé vendredi 15 août qu’elles allaient prendre les armes contre les combattants de l'Etat islamique, eux aussi sunnites. Cette déclaration à prendre avec des pincettes, mais qui intervient au lendemain de la démission de Nouri al-Maliki. Avec Haïdar al-Abadi à la tête du gouvernement, les cartes pourraient en effet être rebattues.

En 2006, l'Irak avait vu apparaître les « sahwa », les milices du « réveil ». Il s'agissait de groupes armés sunnites qui s'étaient rangés aux côtés du pouvoir chiite de Bagdad pour combattre al-Qaïda. Aujourd'hui, c'est probablement d'un mouvement similaire dont a besoin le nouveau Premier ministre Abadi sur le terrain, ayant hérité d'une situation plus que difficile, avec de vastes régions irakiennes tombées aux mains des jihadistes.

Va-t-il pouvoir compter là-dessus ? Vendredi 15 août, d'importantes tribus sunnites de l'ouest irakien ont en tout cas annoncé qu'elles allaient prendre les armes contre l'Etat islamique. Une annonce spectaculaire, mais qu'il convient de prendre avec précaution, tant les sunnites ont été rendus méfiants par les années de pouvoir sans partage de Nouri al-Maliki. Certains d'entre eux pourraient être tentés de lutter jusqu'au bout contre le pouvoir chiite de Bagdad. « Il y a eu un échec terrible de l’intégration des sunnites à la société irakienne et à la communauté politique », décrypte Hamid Nasser, consultant pour International Crisis Group.

Echaudés, les sunnites attendent de voir

« Certains sunnites sont inquiets, ils attendent toujours le programme politique du nouveau Premier ministre », explique ce dernier. Haïdar al-Abadi va-t-il tendre la main à la population sunnite ? La question reste en effet ouverte. S'il le faisait, il s'agissait d'un tournant important dans le pays, susceptible de débloquer la situation, tant la progression de l’Etat islamique ces derniers mois a trouvé appui dans la colère de la communauté sunnite, marginalisée sous le règne de Maliki.

Si le nouveau chef de gouvernement irakien est lui aussi de confession chiite, comme son prédécesseur, « la plupart des leaders sunnites pensent que Haïdar al-Abadi sera meilleur que Nouri al-Maliki », juge M. Nasser. Signe encourageant : hors d'Irak, les pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, ont d'ailleurs salué sa nomination. « Les sunnites pensent que c’est un bon signe », souligne Hamid Nasser. Reste qu'il est difficile d’évaluer les capacités militaires réelles des tribus sunnites, face à un Etat islamique aguerri, bien équipé et conquérant.

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