Le choix de Haïdar al-Abadi a été salué à Washington comme à Téhéran. Malgré leur hostilité vieille de 35 ans, les États-Unis et l'Iran sont, en effet, les deux grands alliés de l'Irak. Pour les Américains, qui ont envahi le pays en 2003 et l’ont occupé jusqu’en 2011, il est indispensable d’entretenir les meilleures relations possibles avec le nouveau pouvoir qu’ils ont contribué à mettre en place. Pour les Iraniens chiites, la chute de Saddam Hussein a permis l’arrivée au pouvoir de la majorité chiite irakienne, renforçant ainsi l’influence régionale de Téhéran.
Un double soutien dont a bénéficié Nouri al-Maliki, ces dernières années. Mais ce dernier a fini par devenir l'abcès de fixation de la crise irakienne, menant son pays au bord du gouffre. Le soutien des Américains et des Iraniens à son successeur désigné résonne aussi comme un lâchage de Nouri al-Maliki.
Sunnites et chiites
La désignation de Haïdar al-Abadi est également applaudie par les pays sunnites de la région : Turquie, Qatar, Koweït et surtout le géant saoudien, où le roi Abdallah a adressé ses félicitations à celui qui doit encore être investi Premier ministre à Bagdad.
L'Irak est, aujourd'hui, l'un des pays où se joue la vaste confrontation entre sunnites et chiites (à laquelle on assiste également en Syrie et au Liban) et Nouri al-Maliki est fortement critiqué pour la politique d'exclusion de la minorité sunnite qu'il a menée ces dernières années.
Aujourd'hui, si Haïdar al-Abadi réunit un tel consensus, dans la région comme en Occident, c'est précisément parce qu'il incarne la possibilité d'une autre ligne que celle de Nouri al-Maliki. Et peut-être la dernière chance pour l'Irak d'éviter l'éclatement.