Irak: la livraison d’armes à Bagdad fait débat en Allemagne

L'Union européenne débloque 5 millions d'euros supplémentaires pour l'Irak. Une décision des ambassadeurs de l'UE qui s'étaient réuni, ce mardi 12 août, à Bruxelles. Pas de décision encore en revanche concernant d'éventuelles livraisons d'armes. En Allemagne, cette question suscite bien des débats et des réticences. Pourtant, certains hommes politiques et commentateurs dans la presse réclament que Berlin s'engage.

Avec notre correspondant à Berlin,  Pascal Thibaut

Ce lundi encore, les choses paraissaient entendues. Le porte-parole d’Angela Merkel avait souligné que les règles strictes prévalant en Allemagne en matière d’exportations d’armes empêchaient tout soutien de Berlin, de telles livraisons étant en effet interdites dans des zones en guerre. Steffen Seiber réagissait notamment aux déclarations de députés conservateurs réclamant un engagement allemand allant au-delà de l’aide humanitaire revue à la hausse à 4,5 millions d’euros.

Mais les voix demandant un geste plus fort deviennent plus nombreuses. Les commentaires de la presse vont dans le même sens : « L’Irak est en feu et Berlin est en vacances », titrait ainsi le quotidien conservateur Die Welt, ce mardi.

Le « Nein » (« non ») catégorique de lundi est depuis moins résolu. Le ministre de l’Economie et vice-chancelier, le social-démocrate Sigmar Gabriel, qui tranche sur les demandes d’exportations d’équipements militaires, a estimé qu’un génocide se préparait. Tout en exprimant sa réticence à l’égard de livraisons d’armes, le vice-chancelier n’a pas voulu l’exclure. La ministre de la Défense Ursula von der Leyen estime que des équipements militaires comme des véhicules blindés pourraient être livrés en Irak, tout en excluant « pour l’instant » des armes.

Le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier veut aller au-delà de la seule aide humanitaire et évoquer des mesures supplémentaires « le plus vite possible » avec ses partenaires européens.

L’UE débloque 5 millions d’aide supplémentaire

Pour l'instant, l'Irak a reçu de l'aide humanitaire de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. Washington livre également des armes aux combattants kurdes. Ce mardi matin, la Grande-Bretagne a parachuté pour la deuxième fois de l'aide humanitaire dans le nord de l'Irak. Des chasseurs Tornado ont été pré-positionnés et se tiennent prêts pour effectuer des missions de reconnaissance pour aider aux largages.

Les ambassadeurs de l'UE sont réunis ce mardi à Bruxelles pour discuter notamment de sa participation à l'effort humanitaire et militaire en Irak. La Commission européenne a décidé de débloquer 5 millions d'euros supplémentaires d'aide aux populations déplacées en Irak. Les ambassadeurs se sont mis d'accord pour renforcer la coordination humanitaire et en confier les rênes à la Commission européenne. L'aide de la Commission s'élève désormais à un total de 17 millions d'euros en 2014.

UE: la livraison d'armes aux Kurdes en suspens

Pas encore de décisions en revanche en ce qui concerne une éventuel soutien d'ordre militaire. La France et l'Italie plaident pour une réunion d'urgence des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Huit pour parler de la livraison éventuelle d'armements aux Kurdes irakiens. La question de la livraison d'armes est complexe. « Personne ne peut empêcher un Etat de livrer des armes, mais la question est de savoir s'il est opportun pour l'UE de répondre favorablement à cette demande ? », souligne un expert. La France milite pour, la Suède s'y oppose catégoriquement. D’autres capitales sont traditionnellement plus réticentes à envoyer des armes dans un pays en guerre, comme Berlin, Stockholm ou Vienne.

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