Assis à même le sol, leur bagage serré devant eux, des milliers de travailleurs étrangers tentent de quitter la Libye, où les combats entre milices ne connaissent que peu de répit. Des milliers de Libyens partent aussi, certains pour quelques jours, d’autres pour une durée indéterminée comme Salima, une habitante de Tripoli : « La raison qui nous a poussés à quitter notre quartier de Swani, c’est les bombardements sur les civils avec des missiles, des "grads", la destruction des maisons. Ce matin, on a quitté Swani, quand on est arrivé dans la ville de Zawiya, on a entendu qu’un missile était tombé sur une maison de civils. Depuis un mois on ne dort plus, il y a des bombardements tous les jours, des secousses, des incendies. »
Ces derniers jours, la plupart des missions diplomatiques ont évacué leurs ressortissants et fermé leur représentation. Une décision, qui pour Wassim, témoigne de la gravité de la situation. « Je sais qu’à Tripoli il y a des affrontements ou une guerre. Quand je vois des voitures diplomatiques qui quittent Tripoli, je me dis qu’il y a une bonne raison. »
Des milliers d’Egyptiens bloqués
Plusieurs milliers d’Egyptiens sont aussi bloqués à la frontière entre la Libye et la Tunisie, depuis plus de trois jours. La compagnie Egyptair a déjà dépêché deux avions à Djerba en Tunisie qui ont rapatrié 640 Egyptiens mercredi 30 et jeudi 31 juillet.
Le Caire envisage sérieusement de mettre en place un pont aérien pour les rapatrier. Mais le problème, pour le moment, c’est que la majorité écrasante de ces travailleurs ont tout perdu dans leur fuite. Ils n’arrivent pas à payer la taxe de sortie de 40 euros exigée par les Libyens.
Exactions des milices islamistes
Les Egyptiens sont souvent victimes des exactions des milices islamistes qui voient d’un mauvais œil les citoyens d’un pays qui a renversé le pouvoir des Frères musulmans, affirme de plus notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti. Jeudi, six Egyptiens ont ainsi été tués près du terminal frontalier de Ras Jedir, en Libye. Certains des rapatriés arrivés en Egypte racontent que les milices islamistes leur confisquent leurs biens et leur argent avant de les laisser atteindre le terminal frontalier.
Le même scénario s’était déroulé en 2011 lors du soulèvement contre le colonel Kadhafi. Pour l’instant il n’y a pas de flot de réfugiés à la frontière entre la Libye et l’Egypte, comme cela a été le cas à l'époque. Mais Le Caire craint un exode massif en cas d’intensification des combats dans la région de Benghazi, proche de la frontière égyptienne.