Le Hamas annonce l'enlèvement d'un soldat israélien

Ce dimanche, la branche armée du Hamas a annoncé dans une allocution télévisée l'enlèvement d'un soldat de l'armée israélienne. Mais dans la nuit, l'ambassadeur d'Israël à l'ONU a démenti cette information.

Avec notre envoyée spéciale à Jérusalem, Véronique Gaymard,
et notre envoyé spécial à Ashkelon, Nicolas Ropert

C’était le scénario que l’armée redoutait le plus lorsqu’elle a lancé jeudi son opération au sol.
Le porte-parole de la branche armée du Hamas, Abou Obeida, a annoncé l’enlèvement du soldat Shaul Aron lors d’une allocution télévisée, citant le nom du soldat et déclinant son matricule.

Cependant, quelques heures plus tard, l'ambassadeur d'Israël à l'ONU, Ron Prosor, démentait « ces fausses rumeurs », lors d'un entretien avec des journalistes, en marge d'une réunion d'urgence, toujours en cours, du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation à Gaza. « Il n'y pas de soldat israélien enlevé », a-t-il déclaré, catégorique.

« Pas de guerre plus juste », pour Netanyahu

Une monnaie d’échange qui servira au Hamas pour faire pression sur le gouvernement israélien et obtenir gain de cause sur certaines de ses revendications : la levée du blocus sur Gaza et l’ouverture du point de passage de Rafah vers l’Egypte.

Ce nouvel épisode renvoie Israël quelques années en arrière : en juin 2006, le soldat Gilad Shalit est capturé et Israël déclenche l’opération « Pluies d’été », refusant de négocier la libération de détenus palestiniens. Le soldat avait été libéré cinq ans plus tard, contre 500 prisonniers palestiniens.

Plus tôt ce dimanche, le Premier ministre israélien a déclaré qu’il n’y avait « pas de guerre plus juste » pour ramener la sécurité dans le pays. Il a rendu hommage aux 13 soldats tués, et a déploré le nombre de victimes civiles, mais en a fait porter la responsabilité au Hamas. Au cours d'une conférence de presse, Benyamin Netanyahu a assuré qu'Israël détruira les infrastructures du Hamas et des organisations terroristes palestiniennes. Benjamin Netanyahu a affiché sa détermination à faire tout ce qui est possible pour qu'Israël puisse vivre en paix. Il a même affirmé bénéficier d’un fort soutien international. Mais le lourd bilan de ce dimanche - au moins 100 Palestiniens et 13 Israéliens - pourrait marquer un tournant.

A Doha, Ban Ki-moon a condamné les bombardements, et a appelé Israël à faire preuve de retenue. Le blocus sur la bande de Gaza « ne peut pas être durable », a-t-il ajouté. Le secrétaire général de l'ONU a pressé Israël de « faire beaucoup plus » pour épargner les civils dans son offensive militaire contre la bande de Gaza, condamnant « l'action atroce »
de l'armée à Chajaya, où plus de 60 Palestiniens sont morts. La levée du blocus est justement une des revendications du Hamas qu’il pourrait mettre dans la balance.

« Finir le travail »

Malgré l'opération en cours, les roquettes lancées depuis la bande de Gaza continuent de s'abattre sur le territoire israélien. Et la population vit entre inquiétude et résignation, comme à Ashkelon, une ville située à une vingtaine de kilomètres au nord de la bande de Gaza.

Sur la plage, un groupe de surfeurs s'active comme si de rien n'était. A quelques kilomètres de là pourtant, la guerre fait rage. Sortie avec son chien sur la plage, Michèle, une Française installée ici, dit souffrir des conditions de vie.

« Je suis à bout de nerfs. C'est très fatiguant de vivre comme ça. Ca fait déjà trois semaines que l'on reçoit des missiles sur la tête. Aucun pays ne pourrait survivre à des révoltes comme ça, c'est pratiquement impossible de vivre comme ça. Il faut vivre ici pour comprendre ce qu'il se passe. » Rami, un franco-israélien, est persuadé qu'Israël « doit finir le travail » : « Il faut détruire tous les souterrains, les missiles. Car ils lancent des missiles, non pour tuer les soldats, mais pour tuer la population. On veut que ce se termine e plus vite possible. Si la Knesset ne nous donne pas le temps de finir le travail comme il faut, on n'en finit pas. »

Par deux fois durant l'après-midi, les alertes résonnent dans toute la ville. Tout le monde cours se mettre aux abris pour se protéger des roquettes. Une fois le calme revenu, Boris, la soixantaine, reprend son footing, pas dérangé par les tirs que l'on peut entendre au loin. Cet Israélien regrette l'escalade de la violence : « Moi, je suis persuadé qu'il faut que les acteurs se parlent. Toute cette situation n'apporte que de la haine. Cette guerre, tous ces tirs et ces gens tués, cela ne fait que monter les gens les uns contre les autres. Les deux côtés sont en train de perdre. Personne ne peut gagner dans ces conditions. »

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