RFI: Est-ce que vous confirmez que, depuis la nuit dernière, les bombardements s’intensifient ?
Ziad Medoukh : La situation est horrible dans la bande de Gaza. Hier, à 9 heures du soir, il y a eu une attaque sanglante de la part de l’armée israélienne. Les chars israéliens ont pénétré jusqu’à l’est de la ville de Gaza, à 7 kilomètres du centre-ville.
Depuis, le bilan s’alourdit. On vient d’avoir une trêve militaire de deux heures, et les ambulances sont allées chercher les morts. il y aura peut-être plus de 100 morts, parce que des quartiers ont été effacés de la carte par les bombes et les chars israéliens. Sans oublier qu’il y a plus de 70.000 personnes qui ont évacué ce quartier très populaire qui se trouve à l’est de Gaza et qui sont arrivé jusqu’au centre-ville.
Les hôpitaux sont débordés, il y des milliers de blessés. Les centres d’accueil de l'endroit sont également débordés, ils doivent s'occuper de centaines de milliers de personnes. On peut parler de situation humanitaire catastrophique, sans oublier les victimes qui sont en majorité des enfants, des femmes et des personnes âgées.
Ziad Medoukh, comment vivent les Gazaouis depuis treize jours ? C’est la peur qui domine ? Est-ce que les gens sortent dans les rues ou bien ils restent terrés dans les habitations ?
La situation est terrible pour 1,8 million Palestiniens de la bande de Gaza. Les douze premiers jours, c’était les avions, la marine israélienne, qui bombardaient partout. Et depuis deux jours c’est l'opération terrestre. C’est vrai, les chars israéliens n’ont pas encore pénétré dans les grandes villes, mais les Gazaouis vivent une situation catastrophique.
La vie est paralysée dans la bande de Gaza : quelques supermarchés et marchés sont ouverts, mais personne ne peut sortir, à part les journalistes et les ambulanciers qui évacuent les blessés et vont chercher les morts après chaque bombardement.
Il a plusieurs sentiments chez cette population. Les Gazaouis sont fatigués. Il faut rappeler à tout le monde que cette offensive militaire est la troisième en cinq ans. Elle s’ajoute à un blocus inhumain, illégal, imposé d’une façon illégale par l’armée israélienne. La population est épuisée, fatiguée. Cette population est toujours debout. Mais c’est une population qui est très inquiète pour l’avenir, surtout avec la poursuite des attaques israéliennes qui touchent avant tout les civils.
Il y a un manque de nourriture évident également ?
Surtout, il y a un manque de médicaments. On s’adapte du manque de nourriture. On a l’habitude avec le blocus, avec la fermeture des frontières, avec ces deux dernières guerres. Mais le plus urgent maintenant, c’est le manque de médicaments, de matériel médical. Parce que le nombre de blessés dépasse maintenant plus de 1 200, sans oublier les 420 morts jusqu’à dimanche midi.
Je pense que le plus important, c’est que la population est confiante. Elle sait s’adapter, mais c’est une population qui est très inquiète pour l’avenir car cette situation, même si on espère un cessez-le-feu, va se produire de nouveau. Parce qu’avec l’impunité d'Israël, cette situation va se reproduire.
La population civile souffre beaucoup. Il y a pénurie, pas seulement de nourriture mais aussi d’électricité. Chaque foyer en a seulement trois heures, plusieurs stations électriques ont été bombardées. Il y avait plusieurs puits d’eau qui ont été visés, le réseau de communication… Chaque foyer a droit à trois heures à quatre d’électricité par jour, cela dépend de la région.
Mais la situation la plus terrible, c’est pour les zones frontalières. Les bombardements se déroulent jour et la nuit. Même dans le centre-ville de Gaza où j’habite, on voit que les missiles tombent toutes les trois minutes. La population civile essaie un peu d’être debout. Mais c’est difficile. On peut lire le sentiment d’inquiétude qui règne chez cette population civile gazaouite.