Après les débordements, dimanche dernier, de la manifestation pro-palestinienne à Paris aux abords de deux synagogues, le Premier ministre Manuel Valls et le président François Hollande prévenaient qu’ils ne tôleraient pas que « le conflit israélo-palestinien puisse s'importer en France ». C’est pourtant chose faite, de Facebook à Twitter. Insultes, clashes, propos racistes, antisémites ou xénophobes fusent de toute part, des messages assortis souvent de photos et de vidéos contradictoires.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France publie une vidéo après les manifestations de dimanche, montrant que les pro-Palestiniens assiégeaient la synagogue de la rue de la Roquette à Paris. Riposte immédiate du camp adverse avec une contre-vidéo accusant cette fois, les pro-Israéliens d’être à l’origine des violences. La guerre médiatique à coups de « hashtags » fait rage sur Twitter, des mots clefs appellent à soutenir la cause palestinienne en optant pour #FreePalestine, #GazaUnderAttack ou encore #HelpGaza. Les pro-israéliens font de même avec #IsraelUnderAttack ou #IsraelUnderFire. Et vous êtes priez de choisir votre camp.
Certains internautes sont sidérés par ces débordements sur la Toile, et lassés. Ils préfèrent renoncer au débat. « Tous ces twittos savent comment résoudre le conflit israélo-palestinien pourtant aucun Etat ne les consultent », résume ironiquement un message ou encore « quand je vois le niveau de vos tweets, je préfère définitivement me déconnecter ».
Booba versus Tariq Ramadan
Les « clashes » entre célébrités s’enchaînent sur les réseaux sociaux comme cette altercation opposant le rappeur Booba à l'écrivain philosophe islamologue Suisse, Tariq Ramadan. Booba sur son compte Instagram, le service de publication de photos et de textes par Smartphone, s'en prend aux messages des pro-Palestiniens : « Vous faites vraiment pitié, bande d'hypocrites, allez sur le terrain ou sinon fermez là. » Tariq Ramadan offusqué, lui répond sur Facebook « interdire que l'on soutienne les Palestiniens ? Hypocrite, en effet, et honteux. » Ce à quoi le rappeur contre-attaque : « Les révolutions ne se font pas caché derrière son ordi. On n’arrête pas des chars avec de la 3G. » L’acteur Saïd Taghmaoui s’en mêle aussi, traitant Booba de « sale fils de lâche !! » en jetant de l’huile sur le feu, sur les réseaux c’est l’escalade. Sur Twitter, d'autres personnalités sont prises à partie, comme l’humoriste Jamel Debbouze, « Hey Jamel, un mot pour la Palestine? Ou t'en a rien à faire?»
Selon Pascal Boniface, le directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques, cette diffusion virale sur le Web peut « tout aussi bien participer à l'exacerbation de la haine qu'à l'apaisement des esprits ». Nous sommes dans la phase « exacerbation » semble-t-il.