En Syrie, bientôt, une vaste offensive du régime à Alep?

L’armée syrienne serait-elle prête à envahir de manière imminente la ville d’Alep, comme l'assure l'opposition ? « Le siège d'Alep est devenu une réalité », s'alarme un porte-parole de la Coalition nationale syrienne (CNS, opposition). La ville est une des places fortes de la rébellion. Elle fait l'objet d'intenses bombardements depuis plusieurs mois, causant une fuite massive de la population.

En Syrie, l'armée s'apprête à lancer une offensive majeure contre les zones tenues par les rebelles à Alep, dans le nord du pays, selon le CNS. ce dernier parle d'une situation militaire très difficile. Depuis juillet 2012, Alep est divisée entre secteurs ouest, contrôlés par le régime de Bachar el-Assad, et des quartiers à l'est, aux mains des rebelles. L'aviation syrienne bombarde régulièrement ces zones rebelles.

Mais pour Felix Legrand, spécialiste de la Syrie pour le centre de recherche Arab Reform Initiative (ARI), il s'agit là avant tout d'un appel à l'aide pour alerter les pays occidentaux. Car selon lui, la cité du nord du pays ne devrait pas tomber tout de suite.

« Je ne pense pas que la rébellion soit affaiblie au point de perdre Alep. La rébellion a des armes antichars qu’elle a reçues récemment. Pour rentrer dans une ville comme Alep, il faudrait que l’armée syrienne puisse envoyer des chars à l’intérieur de la ville. Ce qui n’est pas gagné d’avance. La rébellion n’est pas faible dans la région. La quasi-totalité de la région d’Alep est tenue par l’opposition et est toute proche de la frontière turque pour recevoir du soutien militaire. »

Et d'ajouter : « L’armée syrienne est affaiblie. Elle a la maitrise totale de l’aviation, donc elle bombarde systématiquement la ville d’Alep. Mais elle est essentiellement appuyée par des brigades étrangères, qui sont des brigades irakiennes, chiites et des brigades du Hezbollah, qui pour beaucoup d’entre elles sont retournées en Irak pour combattre l’Etat islamique (EI). »

« La rébellion en a fait la vitrine de sa gouvernance »

Dimanche, les troupes du régime étaient « sur le point de réaliser une nouvelle percée » en reprenant une position militaire dans le nord-est d'Alep, affirme le journal progouvernemental Al-Watan. Cela permettrait aux troupes de couper une route d'approvisionnement utilisée par les rebelles pour acheminer de l'aide venant de Turquie.

« L’armée syrienne peut effectivement couper certaines routes entravant ainsi l’approvisionnement à Alep, estime Félix Legrand. Il y a un risque d’encerclement qui rendra d’autant plus difficile la vie dans cette ville. »

Pour l’opposition, Alep joue un rôle essentiel, explique encore Félix Legrand, puisqu’elle est censée être la capitale des zones contrôlées par la rébellion. « La rébellion en a fait la vitrine de sa gouvernance. Les rebelles ont installé des conseils locaux, une police, ils ont rétabli des services publics. Ils voulaient créer un contre-modèle, montrer qu’ils étaient capables de gérer une ville. Depuis un an et demi, ces efforts ont été sapés à la fois par l’EIIL, qui a systématiquement combattu les rebelles et s’est systématiquement opposé à ces institutions rebelles dans la ville d’Alep, et par les bombardements du régime qui ont fait fuir une très grande partie de la population. »

« Si l’opposition perdait sa capitale, conclut le spécialiste, ce serait un désastre de devoir reconstruire une espèce d’Etat viable dans le nord de la Syrie. Ce serait aussi un réel désastre au niveau de la construction économique. »

→ A (RE)LIRE : Alep sans eau, hôpitaux détruits: l'impossible quotidien syrien
 

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