Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
La décision a été prise par le président Abdel Fattah al-Sissi qui a exigé de son gouvernement de réduire le déficit budgétaire de 15 à 10 %. Ne pouvant pas toucher à la subvention du pain et des denrées alimentaires, le gouvernement s’est donc attaqué à l’énergie. Les subventions au carburant, électricité et gaz qui allaient surtout aux plus riches comptaient pour 15 % du budget (→ A LIRE : Egypte: augmentation drastique du prix de l‘essence)
Elles ont été réduites d’un tiers. Une mesure qui s’est déjà répercutée par une hausse de 20 % à 50 % du prix du transport et qui affectera les classes les plus défavorisées. Mais le gouvernement n’en reste pas là. Il a aussi augmenté de 5 % l’impôt sur les revenus supérieurs à 100 000 euros, qui est dorénavant de 25 %. Une taxe sur les opérations boursières et l'application d’un impôt immobilier ont été également instaurées.
Là, ce sont les plus riches qui sont affectés. Des mesures impopulaires prises par un al-Sissi qui veut profiter de sa popularité encore très grande pour faire avaler l’amère pilule aux Egyptiens. Reste à savoir si le calme relatif qui a accueilli ces décisions tiendra jusqu’au retour de la croissance économique prévu dans deux ans.
■ Colère des chauffeurs cairotes
Les premiers touchés par cette hausse drastique des prix des carburants sont les chauffeurs de minibus et de taxis qui ont commencé à manifester dans le pays.
Avec notre correspondant au Caire, François Hume-Ferkatadji
Après avoir rompu le jeûne, Ahmed nettoie le pare-brise de son minibus customisé par mille et un objets insolites. Avec le doublement du prix de l’essence, il est inquiet. « Mes clients ne voudront pas me payer plus, mais je suis obligé d'augmenter mes prix », confie-t-il.
Jusqu’à hier, en Egypte, l’essence était parmi les moins chères du monde : environ 10 centimes le litre, 30 % du budget de l’Etat est consacré aux subventions pour les carburants et les denrées alimentaires. Beaucoup attendaient cette décision, si dure soit elle. C’est le cas de Wadia qui vient de faire le plein dans sa vieille Lada 15. « Je vais payer mais je vais beaucoup souffrir, dit-elle, je dois réfléchir à toutes mes dépenses, et puis nous souffrons déjà... »
Un peu plus loin, Sabry chauffeur de taxi et fervent partisan de Sissi sait que son salaire va diminuer de moitié et pourtant il soutient la politique du gouvernement. « Les réactions vont être mauvaises mais nous aimons Sissi, clame-t-il, nous voulons aider le gouvernement pour qu'il réussisse. Et aujourd'hui le gouvernement a besoin d'argent. Par contre, l'augmentation est trop brutale, il faut augmenter de 20 % ou 25 %, étape par étape ».
L’augmentation du prix de l’essence conjuguée à celle de l’électricité pourrait très vite se répercuter sur d’autres biens de consommation. Concernant l’alimentation, les économistes tablent sur une hausse des prix 20 % dans les prochains mois.